colin, il ne s’agit que de faire l’histoire de cet oiseau d’après les mémoires des modernes et de comparer.
Je remarque d’abord que le nom d’attagen, tantôt bien conservé, tantôt corrompu[1], est le nom le plus généralement en usage parmi les auteurs modernes qui ont écrit en latin pour désigner cet oiseau. Il est vrai que quelques ornithologistes, tels que Sibbald, Ray, Willughby, Klein, ont voulu le retrouver dans la lagopus altera de Pline[2] ; mais outre que Pline n’en a parlé qu’en passant, et n’en a dit que deux mots, d’après lesquels il serait fort difficile de déterminer précisément l’espèce qu’il avait en vue, comment peut-on supposer que ce grand naturaliste, qui venait de traiter assez au long de l’attagen dans ce même chapitre, en parle quelques lignes plus bas sous un autre nom sans en avertir ? Cette seule réflexion démontre, ce me semble, que l’attagen de Pline et son lagopus altera sont deux oiseaux différents, et nous verrons plus bas quels ils sont. Gesner avait ouï dire qu’à Bologne il s’appelait vulgairement franguello[3] ; mais Aldrovande, qui était de Bologne, nous assure que ce nom de franguello (hinguello, selon Olina), était celui qu’on y donnait au pinson, et qui dérive assez clairement de son nom latin fringilla[4], Olina ajoute qu’en Italie son francolin, que nous avons dit être différent du nôtre, se nommait communément franguellina, mot corrompu de frangolino, et auquel on avait donné une terminaison féminine pour le distinguer du fringuello[5].
Je ne sais pourquoi Albin, qui a copié la description que Willughby a donnée du lagopus altera Plinii[6], a changé le nom de l’oiseau décrit par Willughby en celui de coq de marais, si ce n’est parce que Tournefort a dit du francolin de Samos qu’il fréquentait les marais ; mais il est facile de voir, en comparant les figures et les descriptions, que ce francolin de Samos est tout à fait différent de l’oiseau qu’il a plu à Albin ou à son traducteur d’appeler coq de marais[7], comme il avait déjà donné le nom de francolin au petit tétras à queue fourchue[8]. L’attagas se nomme chez les Arabes duraz ou alduragi, et chez les Anglais red game, à cause du rouge qu’il a soit à ses sourcils, soit dans son plumage ; on lui a encore donné le nom de perdix asclepica[9].
- ↑ « Attago, Actago, Atago, Atchemigi, Atacuigi, Tagenarios, Taginari, voces corruptæ ab Attagene, quæ leguntur apud Sylvaticum. » Voyez Gesner, p. 226 ; et les observations de Belon, fol. 2.
- ↑ Pline, Hist. nat., lib. x, cap. xlviii.
- ↑ Gesner, De naturâ Avium, p. 225.
- ↑ Aldrovande, de Avibus, t. II, p. 73.
- ↑ Olina, Uccellaria, p. 33.
- ↑ Albin, Ornithologia, p. 128.
- ↑ Idem, Hist. nat. des oiseaux, t. Ier, p. 22.
- ↑ Ibidem, p. 21.
- ↑ Jonston, Charleton, etc.