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d’autant plus d’attention qu’elles sont antérieures à tout changement de climat.

Le jésuite Margat, qui n’admet point de différence spécifique entre la poule africaine et la méléagride des Anciens, dit qu’il y en a de deux couleurs à Saint-Domingue, les unes ayant des taches noires et blanches disposées par compartiments en forme de rhomboïdes, et les autres étant d’un gris plus cendré ; il ajoute qu’elles ont toutes du blanc sous le ventre, au-dessous et aux extrémités des ailes[1].

Enfin, M. Brisson regarde comme une variété constante la blancheur du plumage de la poitrine, observée sur les peintades de la Jamaïque, et en a fait une race distincte, caractérisée par cet attribut[2], qui, comme nous venons de le voir, n’appartient pas moins aux peintades de Saint-Domingue qu’à celles de la Jamaïque.

Mais, indépendamment des dissemblances qui ont paru suffisantes aux naturalistes pour admettre plusieurs races de peintades, j’en trouve beaucoup d’autres, en comparant les descriptions et les figures publiées par différents auteurs, lesquelles indiquent assez peu de fermeté, soit dans le moule intérieur de cet oiseau, soit dans l’empreinte de sa forme extérieure, et une très grande disposition à recevoir les influences du dehors.

La peintade de Frisch et de quelques autres[3] a le casque et les pieds blanchâtres, le front, le tour des yeux, les côtés de la tête et du cou, dans sa partie supérieure, blancs, marquetés de gris cendré ; celle de Frisch a de plus, sous la gorge, une tache rouge en forme de croissant, plus bas un collier noir fort large, les soies ou filets de l’occiput en petit nombre, et pas une seule penne blanche aux ailes : ce qui fait autant de variétés par lesquelles les peintades de ces auteurs diffèrent de la nôtre.

Celle de Marcgrave avait de plus le bec jaune[4] ; celle de M. Brisson l’avait rouge à la base, et de couleur de corne vers le bout[5]. MM. de l’Académie ont trouvé à quelques-unes une petite huppe à la base du bec, composée de douze ou quinze soies ou filets raides longs de quatre lignes[6], laquelle ne se retrouve que dans celles de Sierra-Leone, dont j’ai parlé plus haut.

Le docteur Cai dit que la femelle a la tête toute noire, et que c’est la seule différence qui la distingue du mâle[7].

  1. Lettres édifiantes, au lieu cité.
  2. Voyez l’ornithologie de M. Brisson, t. Ier, p. 180. Meleagris pectore albo.
  3. « Le mâle et la femelle, dit Belon, ont même madrure en plumes et blancheur autour des yeux, et rougeur par dessous. » Voyez Hist. nat. des oiseaux, p. 247. — « Ad latera capitis albo », dit Marcgrave, Historia nat. Brasil., p. 192. — « La tête est revêtue, dit le jésuite Margat, d’une peau spongieuse, rude et ridée, dont la couleur est d’un blanc bleuâtre. » Voyez Lettres édifiantes, Recueil XX, p. 362 et suiv.
  4. « Rostrum flavum. » Voyez Historia nat. Brasil., p. 192.
  5. Voyez Ornithologie, t. Ier, p. 180.
  6. Voyez Mémoires sur les animaux, partie ii, p. 82.
  7. Caius apud Gesnerum, de Avibus, p. 481.