naissants, qui ne sont encore que de petits boutons ; ces éperons, ainsi entés, prennent peu à peu racine dans les chairs, en tirent de la nourriture, et croissent souvent plus qu’ils n’eussent fait dans le lieu de leur origine : ou en a vu qui avaient deux pouces et demi de longueur et plus de trois lignes et demie de diamètre à la base ; quelquefois, en croissant, ils se recourbent comme les cornes de bélier, d’autres fois ils se renversent comme celles des boucs[1].
C’est une espèce de greffe animale dont le succès a dû paraître fort douteux la première fois qu’on l’a tentée, et dont il est surprenant qu’on n’ait tiré, depuis qu’elle a réussi, aucune connaissance pratique. En général, les expériences destructives sont plus cultivées, suivies plus vivement que celles qui tendent à la conservation, parce que l’homme aime mieux jouir et consommer, que faire du bien et s’instruire.
Les poulets ne naissent point avec cette crête et ces membranes rougeâtres qui les distinguent des autres oiseaux ; ce n’est qu’un mois après leur naissance que ces parties commencent à se développer : à deux mois les jeunes mâles chantent déjà comme les coqs, et se battent les uns contre les autres ; ils sentent qu’ils doivent se haïr, quoique le fondement de leur haine n’existe pas encore. Ce n’est guère qu’à cinq ou six mois qu’ils commencent à rechercher les poules, et que celles-ci commencent à pondre ; dans les deux sexes, le terme de l’accroissement complet est à un an ou quinze mois ; les jeunes poules pondent plus, à ce qu’on dit, mais les vieilles couvent mieux ; ce temps nécessaire à leur accroissement indiquerait que la durée de leur vie naturelle ne devrait être que de sept ou huit ans, si, dans les oiseaux, cette durée suivait la même proportion que dans les animaux quadrupèdes ; mais nous avons vu qu’elle est beaucoup plus longue : un coq peut vivre jusqu’à vingt ans dans l’état de domesticité, et peut-être trente dans celui de liberté : malheureusement pour eux, nous n’avons nul intérêt de les laisser vivre longtemps ; les poulets et les chapons qui sont destinés à paraître sur nos tables ne passent jamais l’année, et la plupart ne vivent qu’une saison ; les coqs et les poules qu’on emploie à la multiplication de l’espèce sont épuisés assez promptement, et nous ne donnons le temps à aucun de parcourir la période entière de celui qui leur a été assigné par la nature ; en sorte que ce n’est que par des hasards singuliers que l’on a vu des coqs mourir de vieillesse.
Les poules peuvent subsister partout avec la protection de l’homme : aussi sont-elles répandues dans tout le monde habité ; les gens aisés en élèvent en Islande, où elles pondent comme ailleurs[2], et les pays chauds en sont pleins ; mais la Perse est le climat primitif des coqs, selon le docteur