Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’après de si grandes différences observées dans l’appareil des organes de la voix, ne paraîtra-t-il pas singulier que les oiseaux, avec leur langue cartilagineuse et leurs lèvres de corne, aient plus de facilité à imiter nos chants et même notre parole, que ceux d’entre les quadrupèdes qui ressemblent le plus à l’homme ? tant il est difficile de juger de l’usage des parties par leur simple structure, et tant il est vrai que la modification de la voix et des sons dépend presque en entier de la sensibilité de l’ouïe !

Le tube intestinal est fort long dans les gallinacés, et surpasse environ cinq fois la longueur de l’animal, prise de l’extrémité du bec jusqu’à l’anus ; on y trouve deux cæcums d’environ six pouces, qui prennent naissance à l’endroit où le colon se joint à l’iléon ; le rectum s’élargit à son extrémité, et forme un réceptacle commun, qu’on a appelé cloaque, où se rendent séparément les excréments solides et liquides, et d’où ils sortent à la fois sans être néanmoins entièrement mêlés. Les parties caractéristiques des sexes s’y trouvent aussi, savoir : dans les poules, la vulve ou l’orifice de l’oviductus ; et, dans les coqs, les deux verges, c’est-à-dire les mamelons des deux vaisseaux spermatiques ; la vulve est placée, comme nous l’avons dit plus haut, au-dessus de l’anus, et par conséquent tout au rebours de ce qu’elle est dans les quadrupèdes.

On savait, dès le temps d’Aristote, que tout oiseau mâle avait des testicules, et qu’ils étaient cachés dans l’intérieur du corps ; on attribuait même à cette situation la véhémence de l’appétit du mâle pour la femelle, qui a, disait-on, moins d’ardeur, parce que l’ovaire est plus près du diaphragme, et par conséquent plus à portée d’être rafraîchi par l’air de la respiration[1] : au reste, les testicules ne sont pas tellement propres au mâle, que l’on n’en trouve aussi dans la femelle de quelques espèces d’oiseaux, comme dans la canepetière et peut-être l’outarde[2][NdÉ 1]. Quelquefois les mâles n’en ont qu’un, mais le plus souvent ils en ont deux ; et il s’en faut beaucoup que la grosseur de ces espèces de glandes soit proportionnée à celle de l’oiseau. L’aigle les a comme des pois, et un poulet de quatre mois les a déjà comme des olives ; en général leur grosseur varie non seulement d’une espèce à l’autre, mais encore dans la même espèce, et n’est jamais plus remarquable que dans le temps des amours. Au reste, quelque peu considérable qu’en soit le volume, ils jouent un grand rôle dans l’économie animale, et cela se voit

  1. Aristot., de Partibus Animalium, lib. iv, cap. v.
  2. Hist. de l’Acad. royale des Sciences, ann. 1756, p. 44.
  1. Ce passage est criblé d’erreurs. D’abord, ainsi que nous l’avons déjà dit, les femelles des oiseaux n’ont jamais de testicule ; en second lieu, la respiration ne sert pas à rafraîchir le sang, mais à lui rendre l’oxygène qu’il a cédé aux tissus et à dégager l’acide carbonique qui provient de ces derniers ; pour mieux dire encore, le phénomène intime de la respiration consiste dans une oxydation incessante des principes constituants des cellules ; enfin, la situation des testicules n’est pour rien dans l’ardeur génésique des oiseaux.