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pourra s’assurer, lorsqu’au lieu de se contenter d’examiner des cadavres, les observateurs s’attacheront à étudier la nature vivante.

Le casoar a une vésicule du fiel, et son canal, qui se croise avec le canal hépatique, va s’insérer plus haut que celui-ci dans le duodenum, et le pancréatique s’insère encore au-dessus du cystique[1], conformation absolument différente de ce qu’on voit dans l’autruche. Celle des parties de la génération du mâle s’en éloigne beaucoup moins ; la verge a sa racine dans la partie supérieure du rectum, sa forme est celle d’une pyramide triangulaire, large de deux pouces à sa base et de deux lignes à son sommet ; elle est composée de deux ligaments cartilagineux très solides, fortement attachés l’un à l’autre en dessus, mais séparés en dessous, et laissant entre eux un demi-canal qui est revêtu de la peau, les vaisseaux déférents et les uretères n’ont aucune communication apparente avec le canal de la verge[2], en sorte que cette partie, qui paraît avoir quatre fonctions principales dans les animaux quadrupèdes, la première de servir de conduit à l’urine, la seconde de porter la liqueur séminale du mâle dans la matrice de la femelle, la troisième de contribuer, par sa sensibilité, à l’émission de cette liqueur, la quatrième d’exciter la femelle, par son action, à répandre la sienne, semble être réduite dans le casoar et l’autruche aux deux dernières fonctions, qui sont de produire dans les réservoirs de la liqueur séminale du mâle et de la femelle les mouvements de correspondance nécessaires pour l’émission de cette liqueur.

On a rapporté à Clusius que l’animal étant vivant, on avait vu quelquefois sa verge sortir par l’anus[3], nouveau trait de ressemblance avec l’autruche.

Les œufs de la femelle sont d’un gris de cendre tirant au verdâtre, moins gros et plus allongés que ceux de l’autruche, et semés d’une multitude de petits tubercules d’un vert foncé ; la coque n’en est pas fort épaisse, selon Clusius, qui en a vu plusieurs ; le plus grand de tous ceux qu’il a observés avait quinze pouces de tour d’un sens, et un peu plus de douze de l’autre[4].

Le casoar a les poumons et les dix cellules à air comme les autres oiseaux, et particulièrement comme les oiseaux pesants, cette bourse ou membrane noire propre aux yeux des oiseaux, et cette paupière interne qui, comme on sait, est retenue dans le grand angle de l’œil des oiseaux par deux muscles ordinaires[5], et qui est ramenée par instants sur la cornée par l’action d’une espèce de poulie musculaire qui mérite toute la curiosité des anatomistes[6].

  1. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, p. 163.
  2. Idem, ibidem.
  3. Clusius, Exotic., ubi suprà, p. 99.
  4. Ibidem. « Ova punctis excavatis », dit Linnæus : cela ne ressemble point à ceux que Clusius a observés.
  5. Hist. de l’Acad. royale des sciences de Paris, t. II, p. 279.
  6. Mém. pour servir à l’hist. des animaux, partie ii, p. 167.