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soyons aussi instruits sur les oiseaux que nous le sommes aujourd’hui sur les quadrupèdes. Le seul moyen d’avancer l’ornithologie historique serait de faire l’histoire particulière des oiseaux de chaque pays : d’abord de ceux d’une seule province, ensuite de ceux d’une province voisine, puis de ceux d’une autre plus éloignée ; réunir, après cela, ces histoires particulières pour composer celle de tous les oiseaux d’un même climat ; faire la même chose dans tous les pays et dans tous les différents climats ; comparer ensuite ces histoires particulières, les combiner pour en tirer les faits et former un corps entier de toutes ces parties séparées. Or, qui ne voit que cet ouvrage ne peut être que le produit du temps ? Quand y aura-t-il des observateurs qui nous rendront compte de ce que font nos hirondelles au Sénégal, et nos cailles en Barbarie ? Qui seront ceux qui nous informeront des mœurs des oiseaux de la Chine ou du Monomotapa ? Et comme je l’ai déjà fait sentir, cela est-il assez important, assez utile, pour que bien des gens s’en inquiètent ou s’en occupent ? Ce que nous donnons ici servira donc longtemps comme une base ou comme un point de ralliement auquel on pourra rapporter les faits nouveaux que le temps amènera. Si l’on continue d’étudier et de cultiver l’histoire naturelle, les faits se multiplieront, les connaissances augmenteront ; notre esquisse historique, dont nous n’avons pu tracer que les premiers traits, se remplira peu à peu et prendra plus de corps : c’est tout ce que nous pouvons attendre du produit de notre travail, et c’est peut-être trop espérer encore, et en même temps trop nous étendre sur son peu de valeur.