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dans une situation horizontale sur une colonne osseuse d’environ trois pieds de haut, et composée de dix-sept vertèbres : la situation ordinaire du corps est aussi parallèle à l’horizon ; le dos a deux pieds de long et sept vertèbres, auxquelles s’articulent sept paires de côtes, dont deux de fausses et cinq de vraies : ces dernières sont doubles à leur origine, puis se réunissent en une seule branche. La clavicule est formée d’une troisième paire de fausses côtes[NdÉ 1] ; les cinq véritables vont s’attacher par des appendices cartilagineux au sternum, qui ne descend point jusqu’au bas du ventre, comme dans la plupart des oiseaux ; il est aussi beaucoup moins saillant au dehors ; sa forme a du rapport avec celle d’un bouclier, et il a plus de largeur que dans l’homme même. De l’os sacrum naît une espèce de queue composée de sept vertèbres semblables aux vertèbres humaines ; le fémur a un pied de long, le tibia et le tarse un pied et demi chacun, et chaque doigt est composé de trois phalanges[1] comme dans l’homme, et contre ce qui se voit ordinairement dans les doigts des oiseaux, lesquels ont très rarement un nombre égal de phalanges[2].

Si nous pénétrons plus à l’intérieur, et que nous observions les organes de la digestion, nous verrons d’abord un bec assez médiocre[3], capable d’une très grande ouverture, une langue fort courte et sans aucun vestige de papilles ; plus loin s’ouvre un ample pharynx proportionné à l’ouverture du bec, et qui peut admettre un corps de la grosseur du poing ; l’œsophage est aussi très large et très fort, et aboutit au premier ventricule qui fait ici trois fonctions : celle de jabot parce qu’il est le premier ; celle de ventricule parce qu’il est en partie musculeux et en partie muni de fibres musculeuses, longitudinales et circulaires[4] ; enfin, celle du bulbe glanduleux qui se trouve ordinairement dans la partie inférieure de l’œsophage la plus voisine du gésier, puisqu’il est en effet garni d’un grand nombre de glandes, et ces glandes sont conglomérées et non conglobées comme dans la plupart des oiseaux[5] : ce premier ventricule est situé plus bas que le second, en sorte que l’entrée de celui-ci, que l’on nomme communément l’orifice supérieur, est réellement l’orifice inférieur par sa situation ; ce

  1. Le doigt interne est formé de quatre phalanges, l’externe de cinq (Flourens).
  2. Voyez Ambr. Paré, lib. xxiv, cap. xxii ; et Vallisnieri, t. Ier, p. 246 et seqq.
  3. M. Brisson dit que le bec est unguiculé ; Vallisnieri, que la pointe en est obtuse et sans crochet : la langue n’est point non plus d’une forme ni d’une grandeur constante dans tous les individus. Voyez Animaux de Perrault, partie ii, p. 125 ; et Vallisnieri, ubi supra.
  4. Vallisnieri, ubi supra. — Ramby, nos 386 et 413 des Trans. philosophiques de Londres.
  5. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, p. 129.
  1. Il existe, chez la plupart des oiseaux, une clavicule véritable, connue sous le nom de fourchette et des os coracoïdiens constituant une fausse clavicule. C’est cette dernière que Buffon désigne sous le nom de « troisième paire de fausses côtes ». Chez l’Autruche, la clavicule véritable manque, d’après Cuvier ; la fausse clavicule, formée par les os coracoïdiens, existe seule.