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cet auteur, est de la première grandeur dans le genre des oiseaux de proie nocturnes, et c’est en même temps l’espèce la plus belle à cause de son plumage qui est blanc comme neige ; sa tête n’est pas si grosse, à proportion, que celle des autres chouettes ; ses ailes, lorsqu’elles sont pliées, ont seize pouces anglais depuis l’épaule jusqu’à l’extrémité de la plus longue plume, ce qui peut faire juger de sa grandeur ; on dit que c’est un oiseau diurne, et qu’il prend en plein jour les perdrix blanches dans les terres de la baie d’Hudson[1], où il demeure pendant toute l’année ; son bec est crochu comme celui d’un épervier, n’ayant point d’angles sur les côtés ; il est noir et percé de larges ouvertures ou narines ; il est de plus presque entièrement couvert de plumes raides, semblables à des poils plantés dans la base du bec, et se retournant en dehors ; la pupille des yeux est environnée d’un iris brillant et jaune ; la tête aussi bien que le corps, les ailes et la queue sont d’un blanc pur ; le dessus de la tête est seulement marqué de petites taches brunes ; la partie supérieure du dos est rayée transversalement de quelques lignes brunes ; les côtés sous les ailes sont aussi rayés de même, mais par des lignes plus étroites et plus claires ; les grandes plumes des ailes sont tachées de brun sur les bords extérieurs ; il y a aussi des taches brunes sur les couvertures des ailes, mais leurs couvertures en dessous sont purement blanches, le bas du dos et le croupion sont blancs et sans taches ; les jambes et les pieds sont couverts de plumes blanches, les ongles sont longs, forts, d’une coule r noire et très aigus : j’ai eu un autre individu de cette espèce, ajoute M. Edwards, qui ne différait de celui-ci qu’en ce qu’il avait des taches plus fréquentes et d’une couleur plus foncée[2]. » Cet oiseau, qui est commun dans les terres de la baie d’Hudson, est apparemment confiné dans les pays du Nord, car il est très rare en Pensylvanie, dans le nouveau continent, et, en Europe, on ne le trouve plus en deçà de la Suède et du pays de Dantzick ; il est presque blanc et sans taches dans les montagnes de Laponie. M. Klein dit que cet oiseau, qu’on appelle hûrfang en Suède, se nomme weissebunte schlidete-eule en Allemagne, qu’il a eu à Dantzick le mâle et la femelle vivants, pendant plusieurs mois[3] en 1747. M. Ellis rapporte que le grand hibou blanc sans oreilles (c’est-à-dire cette grande chouette blanche) abonde aussi bien que le hibou

  1. Ces perdrix blanches des terres du nord de l’Amérique ne sont pas des perdrix, mais des gelinottes.
  2. Edwards, Hist. of Birds, t. II, p. 61, pl. lxi, avec une bonne figure coloriée.
  3. « Ulula alba maculis terrei coloris. Hûrfang : Suec. Weissebunte Schlictete-eule. » — « Ejusmodi avem anno 1747, 3 jan. infarctam inter curiosa societatis Gûar reposui. Pondus æquabat 3 1/2 libras : posteâ marem et fœminam vivos obtinui ; post menses sex fœminâ mortuâ, marem libertate donavi. » Eadem apud Edwardum, t. II, p. 61. — « Ab unco rostri ad exilum caudæ 1 1/16 ulnæ dant alis expansis 2 3/8 rostrum et ungues nigri ; genæ, alæ infernæ, uropygium, pedes, pilosa, lactea ; truncus supernè super albo ex cinereo marmoratus. » Klein, Avi., p. 54.