Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il paraît que cet oiseau, qui est commun dans nos provinces d’Europe, se trouve aussi en Asie, car Belon dit en avoir rencontré un dans les plaines de Cilicie.

Il y a dans cette espèce plusieurs variétés dont la première se trouve en Italie, et a été indiquée par Aldrovande ; ce hibou d’Italie est plus gros que le hibou commun, et en diffère aussi par les couleurs : voyez et comparez les descriptions qu’il a faites de l’un et de l’autre[1].

Ces oiseaux se donnent rarement la peine de faire un nid, ou se l’épargnent en entier, car tous les œufs et les petits qu’on m’a apportés ont toujours été trouvés dans des nids étrangers, souvent dans des nids de pies, qui, comme l’on sait, abandonnent chaque année leur nid pour en faire un nouveau, quelquefois dans des nids de buses, mais jamais on n’a pu me trouver un nid construit par un hibou ; ils pondent ordinairement quatre ou cinq œufs, et leurs petits, qui sont blancs en naissant, prennent des couleurs au bout de quinze jours.

Comme ce hibou n’est pas fort sensible au froid, qu’il passe l’hiver dans notre pays, et qu’on le trouve en Suède comme en France[2], il a pu passer d’un continent à l’autre ; il paraît qu’on le retrouve en Canada et dans plusieurs autres endroits de l’Amérique septentrionale[3] ; il se pourrait même que le hibou de la Caroline[NdÉ 1], décrit par Catesby[4], et celui de l’Amérique méridionale, indiqué par le P. Feuillée[5], ne fussent que des variétés de notre hibou, produites par la différence des climats, d’autant

  1. Aldrov., Avi., t. Ier, p. 519.
  2. « Strix capile aurilo, pennis sex. » Linn., Faun. Suec., no 47.
  3. C’est au hibou commun ou moyen duc qu’il faut appliquer le passage suivant. « On entend durant la nuit, presque dans toutes nos îles, une sorte de chat-huant qu’on appelle canot, qui jette un cri lugubre comme qui crierait au canot, ce qui lui a fait porter ce nom ; ces oiseaux ne sont pas plus gros que des tourterelles, mais ils sont tout semblables en leur plumage aux hiboux que nous voyons communément en France ; ils ont deux ou trois petites plumes aux deux côtés de la tête, qui semblent être des oreilles : il se rassemble quelquefois sept ou huit de ces oiseaux au-dessus des toits, où ils ne cessent de crier pendant toute la nuit. » — Par la comparaison de la grandeur de ce hibou avec une tourterelle, il semblerait que c’est le scops ou petit duc ; mais s’il a, comme le dit l’auteur, plusieurs plumes éminentes aux côtés de la tête, ce ne peut être qu’une variété de l’espèce du moyen duc. Ce même auteur ajoute que le chat-huant canadien n’a de différence du français qu’une petite fraise blanche autour du cou et un cri particulier. Histoire de la Nouvelle-France, par Charlevoix, t. III, p. 56.
  4. Voyez la description et la figure coloriée de cet oiseau dans l’Histoire naturelle de la Caroline, par Catesby, p. 7, pl. vii.
  5. « Bubo ocro-cinereus pectore maculoso. » Feuillée, Obser. physiq., p. 59, avec une figure. — Il paraît qu’on peut rapporter à ce hibou de l’Amérique méridionale, indiqué par le P. Feuillée, celui dont Fernandès fait mention sous le nom de tecololt, qui se trouve au Mexique et à la Nouvelle-Espagne ; mais ceci n’est qu’une vraisemblance fondée sur les rapports de grandeur et de climat, car Fernandès n’a donné non seulement aucune figure des oiseaux dont il parle, mais même aucune description assez détaillée pour qu’on puisse les reconnaître.
  1. Strix (Otus) nævia Lath. [Note de Wikisource : probablement la sous-espèce nævius de l’actuel Megascops asio Linnæus, vulgairement petit-duc maculé].