Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/20

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d’autres temps, pourront nous compléter, ou faire encore plus et peut-être mieux.

Après les difficultés que nous venons d’exposer sur la nomenclature et sur la description des oiseaux, il s’en présente d’autres encore plus grandes sur leur histoire : nous avons donné celle de chaque espèce d’animal quadrupède dans tout le détail que le sujet exige ; il ne nous est pas possible de faire ici de même ; car, quoiqu’on ait avant nous beaucoup plus écrit sur les oiseaux que sur les animaux quadrupèdes, leur histoire n’en est pas plus avancée. La plus grande partie des ouvrages de nos ornithologues ne contiennent que des descriptions, et souvent se réduisent à une simple nomenclature ; et dans le très petit nombre de ceux qui ont joint quelques faits historiques à leur description, on ne trouve guère que des choses communes, aisées à observer sur les oiseaux de chasse et de basse-cour. Nous ne connaissons que très imparfaitement les habitudes naturelles des autres oiseaux de notre pays, et point du tout celles des oiseaux étrangers ; à force d’études et de comparaisons, nous avons au moins trouvé dans les animaux quadrupèdes des faits généraux et des points fixes sur lesquels nous nous sommes fondés pour faire leur histoire particulière : la division des animaux naturels et propres à chaque continent a souvent été notre boussole dans cette mer d’obscurités qui semblait environner cette belle et première partie de l’histoire naturelle ; ensuite les climats, dans chaque continent, que les animaux quadrupèdes affectent de préférence ou de nécessité, et les lieux où ils paraissent constamment attachés, nous ont fourni des moyens d’être mieux informés, et des renseignements pour être plus instruits : tout cela nous manque dans les oiseaux ; ils voyagent avec tant de facilité de provinces en provinces, et se transportent en si peu de temps de climats en climats, qu’à l’exception de quelques espèces d’oiseaux pesants ou sédentaires, il est à croire que les autres peuvent passer d’un continent à l’autre ; de sorte qu’il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de reconnaître les oiseaux propres et naturels à chaque continent, et que la plupart doivent se trouver également dans tous deux, au lieu qu’il n’existe aucun quadrupède des parties méridionales d’un continent dans l’autre. Le quadrupède est forcé de subir les lois du climat sous lequel il est né, l’oiseau s’y soustrait et en devient indépendant par la faculté de pouvoir parcourir en peu de temps des espaces très grands ; il n’obéit qu’à la saison, et cette saison qui lui convient se retrouvant successivement la même dans les différents climats, il les parcourt aussi successivement ; en sorte que, pour savoir leur histoire entière, il faudrait les suivre partout, et commencer par s’assurer des principales circonstances de leurs voyages, connaître les routes qu’ils pratiquent, les lieux de repos où ils gîtent, leur séjour dans chaque climat, et les observer dans tous ces endroits éloignés ; ce n’est donc qu’avec le temps, et je puis dire dans la suite des siècles, que