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fauconniers, qui les aguettent en diverses îles de la mer Égée, Rhodes, Chypre, etc. Et combien qu’on fasse de hauts vols avec le sacre pour le milan, toutefois on le peut aussi dresser pour le gibier et pour la campagne à prendre oies sauvages, ostardes, olives, faisans, perdrix, lièvres, et à toute autre manière de gibier… Le sacret est le mâle, et le sacre la femelle, entre lesquels il n’y a d’autre différence sinon du grand au petit. »

En comparant cette description du sacre avec celle que le même auteur a donnée du lanier, on se persuadera aisément : 1o que ces deux oiseaux sont plus voisins l’un de l’autre que d’aucune autre espèce ; 2o que tous deux sont oiseaux passagers ; quoique Belon dise que le lanier était, de son temps, naturel en France, il est presque sûr qu’on ne l’y trouve plus aujourd’hui ; 3o que ces deux oiseaux paraissent différer essentiellement des faucons en ce qu’ils ont le corps plus arrondi, les jambes plus courtes, le bec et les pieds bleus ; et c’est à cause de toutes ces différences que nous avons cru devoir les en séparer.

Il y a plusieurs années que nous avons fait dessiner à la Ménagerie du roi un oiseau de proie qu’on nous dit être le sacre ; mais la description qui en fut faite alors ayant été égarée, nous n’en pouvons rien dire de plus.


LE FAUCON

Lorsqu’on jette les yeux sur les listes de nos nomenclateurs d’histoire naturelle[1], on serait porté à croire qu’il y a dans l’espèce du faucon[NdÉ 1] autant de variétés que dans celle du pigeon, de la poule ou des autres oiseaux

  1. M. Brisson compte treize variétés dans cette première espèce, savoir : le faucon-sors, le faucon-hagard ou bossu, le faucon à tête blanche, le faucon blanc, le faucon noir, le faucon tacheté, le faucon brun, le faucon rouge, le faucon rouge des Indes, le faucon d’Italie, le faucon d’Islande et le sacre ; et en même temps il compte douze autres espèces ou variétés de faucons différentes de la première, savoir : le faucon-gentil, le faucon-pèlerin, dont le faucon de Barbarie et le faucon de Tartarie sont des variétés ; le faucon à collier, le faucon de roche ou rochier ; le faucon de montagne ou montagner, dont le faucon de montagne cendré est une variété ; le faucon de la baie d’Hudson, le faucon étoilé, le faucon huppé des Indes, le faucon des Antilles et le faucon pêcheur de la Caroline. M. Linnæus comprend sous l’indication générique de faucon vingt-six espèces différentes ; mais il est vrai qu’il confond sous ce même nom, comme il fait en tout, les espèces éloignées aussi bien que les espèces voisines, car on trouve dans cette liste de faucons les aigles, les pygargues, les orfraies, les cresserelles, les buses, etc. Au moins la liste de M. Brisson, quoique d’un tiers trop nombreuse, est faite avec plus de circonspection et de discernement.
  1. Falco communis Gmel. ou Falco peregrinus L. [Note de Wikisource : actuellement Falco peregrinus Tunstall, vulgairement faucon pèlerin]. Les faucons sont des Rapaces de la famille des Accipitridés, de la sous-famille des Falconiens. Ils sont caractérisés par un bec court, très recourbé, armé d’une dent très proéminente ; par des ailes longues, atteignant ou même dépassant l’extrémité de la queue. Les faucons sont les plus rapides voiliers de tous les Rapaces. Le faucon commun est répandu à peu près sur toute la surface du globe et se déplace sans cesse.