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tous deux sont assez semblables par les couleurs du plumage ; il n’est aucun oiseau de proie qui tienne plus constamment sa perche, et il reste au pays pendant toute l’année ; on l’instruit aisément à voler et prendre la grue ; la saison où il chasse le mieux est après la mue, depuis la mi-juillet jusqu’à la fin d’octobre ; mais en hiver il n’est pas bon à l’exercice de la chasse. »


LE SACRE

Je crois devoir séparer cet oiseau[NdÉ 1] de la liste des faucons, et le mettre à la suite du lanier, quoique quelques-uns de nos nomenclateurs[1] ne regardent le sacre que comme une variété de l’espèce du faucon, parce qu’en le considérant comme variété, elle appartiendrait bien plutôt à l’espèce du lanier qu’à celle du faucon : en effet, le sacre a, comme le lanier, le bec et les pieds bleus, tandis que les faucons ont les pieds jaunes. Ce caractère, qui paraît spécifique, pourrait même faire croire que le sacre ne serait réellement qu’une variété du lanier ; mais il en diffère beaucoup par les couleurs, et constamment par la grandeur ; il paraît que ce sont deux espèces distinctes et voisines qu’on ne doit pas mêler avec celles des faucons : ce qu’il y a de singulier ici, c’est que Belon est encore le seul qui nous ait donné des indications de cet oiseau ; sans lui, les naturalistes ne connaîtraient que peu ou point du tout le sacre et le lanier : tous deux sont devenus également rares, et c’est ce qui doit faire présumer encore qu’ils ont les mêmes habitudes naturelles, et que par conséquent ils sont d’espèces très voisines. Mais Belon les ayant décrits, comme les ayant vus tous deux, et les donnant comme des oiseaux réellement différents l’un de l’autre, il est juste de s’en rapporter à lui, et de citer ce qu’il dit du sacre, comme nous avons cité ce qu’il dit du lanier. « Le sacre est de plus laid pennage que nul des oiseaux de fauconnerie, car il est de couleur comme entre roux et enfumé, semblable à un milan ; il est court empiété, ayant les jambes et les doigts bleus, ressemblant en ce quelque chose au lanier ; il serait quasi pareil au faucon en grandeur, n’était qu’il est compassé plus rond. Il est oiseau de moult hardi courage, comparé en force au faucon pèlerin : aussi est oiseau de passage, et il est rare de trouver homme qui se puisse vanter d’avoir oncques vu l’endroit où il fait ses petits ; il y a quelques fauconniers qui sont d’opinion qu’il vient de Tartarie et Russie, et de devers la mer Majeure, et que faisant son chemin pour aller vivre certaine partie de l’an vers la partie du midi, est prins au passage par les

  1. Falco sacer. Le sacre. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 337. — Nota. Cet auteur en fait la douzième variété de l’espèce du faucon.
  1. Falco sacer L. [Note de Wikisource : actuellement Falco (Hierofalco) cherrug Gray].