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cailles ; il vole plus pesamment que le milan, et, lorsqu’on veut le faire chasser par des faucons, il ne s’élève pas comme celui-ci, mais fuit horizontalement : un seul faucon ne suffit pas pour le prendre, il saurait s’en débarrasser et même l’abattre ; il descend au duc comme le milan, mais il se défend mieux, et il a plus de force et de courage ; en sorte qu’au lieu d’un seul faucon, il en faut lâcher deux ou trois pour en venir à bout. Les hobereaux et les cresserelles le redoutent, évitent sa rencontre, et même fuient lorsqu’il les approche.


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AUX MILAN, AUX BUSES ET SOUBUSES

I. — L’oiseau appelé par Castesby[1] l’épervier à queue d’hirondelle[NdÉ 1], et par M. Brisson le milan de la Caroline. « Cet oiseau, dit Castesby, pèse quatorze onces ; il a le bec noir et crochu ; mais il n’a point de crochets aux côtés de la mandibule supérieure comme les autres éperviers. Il a les yeux fort grands et noirs et l’iris rouge ; la tête, le cou, la poitrine et le ventre sont blancs, le haut de l’aile et le dos d’un pourpre foncé, mais plus brunâtre vers le bas, avec une teinture de vert ; les ailes sont longues à proportion du corps et ont quatre pieds, lorsqu’elles sont déployées. La queue est d’un pourpre foncé, mêlé de vert et très fourchue ; la plus longue plume des côtés ayant huit pouces de long de plus que la plus courte du milieu. Ces oiseaux volent longtemps, comme les hirondelles, et prennent en volant les escarbots, les mouches et autres insectes sur les arbres et sur les buissons. On dit qu’ils font leur proie de lézards et de serpents, ce qui fait que quelques-uns les ont appelés éperviers à serpents. Je crois, ajoute M. Catesby, que ce sont des oiseaux de passage (en Caroline), n’en ayant jamais vu aucun pendant l’hiver. »

Nous remarquerons, au sujet de ce que dit ici cet auteur, que l’oiseau dont il est question n’est point un épervier, n’en ayant ni la forme ni les mœurs ; il approche beaucoup plus, par ces deux caractères, de l’espèce du milan ;

  1. Hist. nat. de la Caroline, t. Ier, p. 4, pl. iv, avec une bonne figure coloriée.
  1. C’est le Nauclerus furcatus Vig. [Note de Wikisource : actuellement Elanoides forficatus Linnæus, vulgairement naucler (ou milan) à queue fourchue], de la famille des Accipitridés et de la sous-famille des Milviens. Le milan de la Caroline, ou Naucler Martinet, est répandu dans toute l’Amérique méridionale ; on le trouve aussi dans le sud de l’Amérique du Nord. Les Nauclers sont remarquables parce qu’ils vivent toujours en troupes très considérables. Ils se nourrissent surtout d’insectes. Ils chassent les insectes à la manière des hirondelles, mais ils les saisissent avec les pattes et non avec le bec, comme font les hirondelles. Audubon raconte que, quand on tue un Naucler, toute la bande se précipite autour du cadavre comme pour l’emporter. On peut ainsi en tuer plusieurs consécutivement.