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élève et soigne ses petits plus longtemps que les autres oiseaux de proie qui, presque tous, les chassent du nid avant qu’ils soient en état de se pourvoir aisément : M. Ray[1] assure même que le mâle de la buse nourrit et soigne ses petits lorsqu’on a tué la mère.

Cet oiseau de rapine ne saisit pas sa proie au vol, il reste sur un arbre, un buisson ou une motte de terre, et de là se jette sur tout le petit gibier qui passe à sa portée ; il prend les levrauts et les jeunes lapins aussi bien que les perdrix et les cailles ; il dévaste les nids de la plupart des oiseaux ; il se nourrit aussi de grenouilles, de lézards, de serpents, de sauterelles, etc., lorsque le gibier lui manque.

Cette espèce est sujette à varier, au point que si l’on compare cinq ou six buses ensemble, on en trouve à peine deux bien semblables. Il y en a de presque entièrement blanches, d’autres qui n’ont que la tête blanche, d’autres enfin qui sont mélangées différemment les unes des autres, de brun et de blanc. Ces différences dépendent principalement de l’âge et du sexe, car on les trouve toutes dans notre climat.


LA BONDRÉE

Comme la bondrée[NdÉ 1] diffère peu de la buse, elle n’en a été distinguée que par ceux qui les ont soigneusement comparées. Elles ont, à la vérité, beaucoup plus de caractères communs que de caractères différents ; mais ces différences extérieures, jointes à celles de quelques habitudes naturelles, suffisent pour constituer deux espèces qui, quoique voisines, sont néanmoins distinctes et séparées. La bondrée est aussi grosse que la buse et pèse environ deux livres ; elle a vingt-deux pouces de longueur, depuis le bout du bec jusqu’à celui de la queue, et dix-huit pouces jusqu’à celui des pieds ; ses ailes, lorsqu’elles sont pliées, s’étendent au delà des trois quarts de la queue ; elle a quatre pieds deux pouces de vol ou d’envergure. Son bec est un peu plus long que celui de la buse ; la peau nue qui en couvre la base est jaune[2], épaisse et inégale ; les narines sont longues et courbées ; lorsqu’elle ouvre le bec, elle montre une bouche très large et de couleur jaune ; l’iris des yeux est d’un beau jaune ; les jambes et les pieds sont de la même couleur, et les

  1. Ray’s Letters, liii. — Voyez aussi British Zoology, Species vii.
  2. Quelques naturalistes ont dit que cette peau de la base du bec était noire ; mais on peut présumer que cette différence vient de l’âge, puisque cette peau qui couvre la base du bec est blanche dans le premier âge de ces oiseaux ; elle peut passer par le jaune et devenir enfin brune et noirâtre.
  1. Pernis apivorus Cuv. [Note de Wikisource : actuellement Pernis apivorus Linnæus]. Les Pernis appartiennent à la même sous-famille que les Buteo. Ils se distinguent de ces derniers par une queue allongée et un bec long, à pointe très recourbée.