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autres oiseaux de proie ; à la partie du dessous de la gorge, qui est plutôt garnie de poils que de plumes ; à leur attitude plus penchée que celle de l’aigle, qui se tient fièrement droit et presque perpendiculairement sur ses pieds ; au lieu que le vautour, dont la situation est à demi horizontale, semble marquer la bassesse de son caractère par la position inclinée de son corps ; on reconnaîtra même les vautours de loin en ce qu’ils sont presque les seuls oiseaux de proie qui volent en nombre, c’est-à-dire plus de deux ensemble, et aussi parce qu’ils ont le vol pesant, et qu’ils ont même beaucoup de peine à s’élever de terre, étant obligés de s’essayer et de s’efforcer à trois ou quatre reprises avant de pouvoir prendre leur plein essor[1].

Nous avons composé le genre des aigles de trois espèces, savoir : le grand aigle, l’aigle moyen ou commun, et le petit aigle ; nous y avons ajouté les oiseaux qui en approchent le plus, tels que le pygargue, le balbuzard, l’orfraie, le jean-le-blanc et les six oiseaux étrangers qui y ont rapport, savoir : 1o le bel oiseau de Malabar ; 2o l’oiseau du Brésil, de l’Orénoque, du Pérou et de Guinée, appelé par les Indiens du Brésil urutaurana ; 3o l’oiseau appelé dans ce même pays urubitinga ; 4o celui que nous avons appelé petit aigle de l’Amérique ; 5o l’oiseau pêcheur des Antilles ; 6o le mansfeni qui paraît être une espèce de petit aigle, ce qui fait en tout treize espèces, dont l’une, que nous avons appelée petit aigle de l’Amérique, n’a été indiquée par aucun naturaliste. Nous allons faire de même l’énumération et la réduction des espèces de vautours, et nous parlerons d’abord d’un oiseau qui a été mis au nombre des aigles par Aristote, et après lui par la plupart des auteurs, quoique ce soit réellement un vautour et non pas un aigle.


LE PERCNOPTÈRE

J’ai adopté ce nom[NdÉ 1], tiré du grec, pour distinguer cet oiseau de tous les autres : ce n’est point du tout un aigle, et ce n’est certainement qu’un vau-

  1. M. Ray et M. Salerne, qui n’a fait presque partout que le copier mot pour mot, donnent encore pour différences caractéristiques, entre les vautours et les aigles, la forme du bec qui ne se recourbe pas immédiatement à sa naissance et se maintient droit jusqu’à deux pouces de distance de son origine ; mais je dois observer que ce caractère n’est pas bien indiqué, car le bec des aigles ne se recourbe pas non plus dès sa naissance, il se maintient d’abord droit, et la seule différence est que dans le vautour cette partie droite du bec est plus longue que dans l’aigle : d’autres naturalistes donnent aussi comme différence caractéristique la proéminence du jabot, plus grand dans les vautours que dans les aigles, mais ce caractère est équivoque et n’appartient pas à toutes les espèces de vautours ; le griffon, qui est l’une des principales, bien loin d’avoir le jabot proéminent, l’a si rentré en dedans, qu’il y a au-dessous de son cou et à la place du jabot un creux assez grand pour y mettre le poing.
  1. Le percnoptère de Buffon est le Vultur fulvus Gmel. de la famille des Accipitridés, sous-famille des Vulturidés. [Note de Wikisource : aujourd’hui, le nom percnoptère désigne une autre espèce d’oiseau ; le percnoptère de Buffon n’est qu’une variété du vautour fauve que désignait le nom binominal Vultur fulvus, actuellement Gyps fulvus Hablizl — cf. article suivant.]