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une brebis ne porte qu’un seul fœtus dans sa matrice, il n’y a qu’un seul corps glanduleux dans les testicules ; si elle a deux fœtus, elle a aussi deux corps glanduleux : ce corps occupe la plus grande partie du testicule, et après qu’il est épuisé et qu’il s’est évanoui, il en pousse un autre qui doit servir à une autre génération.

Dans les testicules d’une ânesse il trouva des vésicules grosses comme de petites cerises, ce qui prouve évidemment que ces vésicules ne sont pas les œufs, puisque étant de cette grosseur, quand même elles pourraient se détacher du testicule, elles ne pourraient pas entrer dans les cornes de la matrice, qui sont, dans cet animal, trop étroites pour les recevoir.

Les testicules des chiennes, des louves et des renards femelles ont à l’extérieur une enveloppe ou une espèce de capuchon ou de bourse produite par l’expansion de la membrane qui environne la corne de la matrice. Dans une chienne qui commençait à entrer en chaleur, et que le mâle n’avait pas encore approchée, Valisnieri trouva que cette bourse qui recouvre le testicule, et qui n’y est point adhérente, était baignée intérieurement d’une liqueur semblable à du petit-lait ; il y trouva deux corps glanduleux dans le testicule droit, qui avaient environ deux lignes de diamètre, et qui tenaient presque toute l’étendue de ce testicule. Ces corps glanduleux avaient chacun un petit mamelon dans lequel on voyait très distinctement une fente d’environ une demi-ligne de largeur, de laquelle il sortait, sans qu’il fût besoin de presser le mamelon, une liqueur semblable à du petit-lait assez clair, et lorsqu’on le pressait il en sortait une plus grande quantité, ce qui fit soupçonner à notre observateur que cette liqueur était la même que celle qu’il avait trouvée dans l’intérieur du capuchon. Il souffla dans cette fente par le moyen d’un petit tuyau, et dans l’instant le corps glanduleux se gonfla dans toutes ses parties, et y ayant introduit un fil de soie il pénétra aisément jusqu’au fond ; il ouvrit ces corps glanduleux dans le sens que le fil de soie y était entré, et il trouva dans leur intérieur une cavité considérable qui communiquait à la fente, et qui contenait aussi beaucoup de liqueur. Valisnieri espérait toujours qu’il pourrait enfin être assez heureux pour y trouver l’œuf, mais quelque recherche qu’il fît et quelque attention qu’il eût à regarder de tous côtés, il ne put jamais l’apercevoir ni dans l’un, ni dans l’autre de ces deux corps glanduleux. Au reste, il crut avoir remarqué que l’extrémité de leur mamelon par où s’écoulait la liqueur était resserrée par un sphincter qui, comme dans la vessie, servait à fermer ou à ouvrir le canal du mamelon ; il trouva aussi dans le testicule gauche deux corps glanduleux et les mêmes cavités, les mêmes mamelons, les mêmes canaux et la même liqueur qui en distille ; cette liqueur ne sortait pas seulement par cette extrémité du mamelon, mais aussi par une infinité d’autres petits trous de la circonférence du mamelon ; et n’ayant pu trouver l’œuf ni dans cette liqueur, ni dans la cavité qui la contient, il fit cuire deux de ces corps glanduleux, espérant