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avant que de décider ce point important, il faut encore rapporter les observations de Valisnieri. On reconnaîtra que, quoique Malpighi et Valisnieri aient tous deux fait de bonnes observations, ils ne les ont pas poussées assez loin, et qu’ils n’ont pas tiré de ce qu’ils ont fait les conséquences que leurs observations produisaient naturellement, parce qu’étant tous deux fortement prévenus du système des œufs et du fœtus préexistant dans l’œuf, le premier croyait avoir vu l’œuf dans la liqueur contenue dans la cavité du corps jaune, et le second, n’ayant jamais pu y voir cet œuf, n’a pas laissé de croire qu’il y était, parce qu’il fallait bien qu’il fût quelque part, et qu’il ne pouvait être nulle part ailleurs.

Valisnieri commença ses observations en 1692 sur des testicules de truie : ces testicules ne sont pas composés comme ceux des vaches, des brebis, des juments, des chiennes, des ânesses, des chèvres ou des femmes, et comme ceux de beaucoup d’autres animaux femelles vivipares, car ils ressemblent à une petite grappe de raisin ; les grains sont ronds, proéminents en dehors ; entre ces grains, il y en a de plus petits qui sont de la même espèce que les grands, et qui n’en diffèrent que parce qu’ils ne sont pas arrivés à leur maturité : ces grains ne paraissent pas être enveloppés d’une membrane commune ; ils sont, dit-il, dans les truies, ce que sont dans les vaches les corps jaunes que Malpighi a observés ; ils sont ronds, d’une couleur qui tire sur le rouge, leur surface est parsemée de vaisseaux sanguins comme les œufs des ovipares, et tous ces grains ensemble forment une masse plus grosse que l’ovaire. On peut, avec un peu d’adresse et en coupant la membrane tout autour, séparer un à un ces grains et les tirer de l’ovaire, où ils laissent chacun leur niche.

Ces corps glanduleux ne sont pas absolument de la même couleur dans toutes les truies ; dans les unes ils sont plus rouges, dans d’autres ils sont plus clairs, et il y en a de toute grosseur, depuis la plus petite jusqu’à celle d’un grain de raisin ; en les ouvrant on trouve dans leur intérieur une cavité triangulaire, plus ou moins grande, remplie d’une lymphe ou d’une liqueur très limpide, qui se caille par le feu, et devient blanche comme celle qui est contenue dans les vésicules. Valisnieri espérait trouver l’œuf dans quelques-unes de ces cavités, et surtout dans celles qui étaient les plus grandes, mais il ne le trouva pas, quoiqu’il le cherchât avec grand soin, d’abord dans tous les corps glanduleux des ovaires de quatre truies différentes, et ensuite dans une infinité d’autres ovaires de truies et d’autres animaux ; jamais il ne put trouver l’œuf que Malpighi dit avoir trouvé une fois ou deux : mais voyons la suite des observations.

Au-dessous de ces corps glanduleux on voit les vésicules de l’ovaire qui sont en plus grand et en plus petit nombre ; selon et à mesure que les corps glanduleux grossissent, les vésicules diminuent. Les unes de ces vésicules sont grosses comme une lentille, et les autres comme un grain de millet ;