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a la figure d’une poire, et en dedans vers son centre il a une petite cavité remplie de liqueur ; quand il est parvenu à la grosseur d’une cerise, il contient une cavité pleine de liqueur. Dans quelques-uns de ces corps jaunes, lorsqu’ils sont parvenus à leur entière maturité, on voit, dit Malpighi, vers le centre, un petit œuf avec ces appendices, de la grosseur d’un grain de millet, et lorsqu’ils ont jeté leur œuf on voit ces corps épuisés et vides ; ils ressemblent alors à un canal caverneux, dans lequel on peut introduire un stylet, et la cavité qu’ils renferment et qui s’est vidée est de la grandeur d’un pois. On remarquera ici que Malpighi dit n’avoir vu que quelquefois un œuf de la grosseur d’un grain de millet dans quelques-uns de ces corps jaunes ; on verra, par ce que nous rapporterons dans la suite, qu’il s’est trompé, et qu’il n’y a jamais d’œuf dans cette cavité, ni rien qui y ressemble. Il croit que l’usage de ce corps jaune et glanduleux, que la nature produit et fait paraître dans de certains temps, est de conserver l’œuf et de le faire sortir du testicule, qu’il appelle l’ovaire, et peut-être de contribuer à la génération même de l’œuf ; par conséquent, dit-il, les vésicules de l’ovaire qu’on y remarque en tout temps, et qui en tout temps aussi sont de différentes grandeurs, ne sont pas les véritables œufs qui doivent être fécondés, et ces vésicules ne servent qu’à la production du corps jaune où l’œuf doit se former. Au reste, quoique ce corps jaune ne se trouve pas en tout temps et dans tous les testicules, on en trouve cependant toujours les premières ébauches, et notre observateur en a trouvé des indices dans de jeunes génisses nouvellement nées, dans des vaches qui étaient pleines, dans des femmes grosses, et il conclut, avec raison, que ce corps jaune et glanduleux n’est pas, comme l’a cru Graaf, un effet de la fécondation : selon lui cette substance jaune produit les œufs inféconds qui sortent de l’ovaire sans qu’il y ait communication avec le mâle ; et aussi les œufs féconds lorsqu’il y a eu communication ; de là ces œufs tombent dans les trompes, et tout le reste s’exécute comme Graaf l’a décrit.

Ces observations de Malpighi font voir que les testicules des femelles ne sont pas de vrais ovaires, comme la plupart des anatomistes le croyaient de son temps, et le croient encore aujourd’hui[NdÉ 1] ; que les vésicules qu’ils contiennent ne sont pas des œufs, que jamais ces vésicules ne sortent du testicule pour tomber dans la matrice, et que ces testicules sont, comme ceux du mâle, des espèces de réservoirs qui contiennent une liqueur qu’on doit regarder comme une semence de la femelle encore imparfaite, qui se perfectionne dans le corps jaune et glanduleux, en remplit ensuite la cavité intérieure, et se répand lorsque le corps glanduleux a acquis une entière maturité ; mais

  1. L’erreur de Malpighi vient de ce qu’il n’a observé les vésicules de de Graaf qu’après la sortie de l’œuf. Quant à Buffon, il se lance dans l’erreur avec sa fougue habituelle et n’en sortira plus. Son unique préoccupation va être de montrer que les corps jaunes sont des réservoirs d’une « semence de la femelle ».