Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était auparavant il est alors devenu de couleur obscure ; le cœur bat dans ses deux ventricules ; le corps du poulet est recouvert de la peau, et l’on y distingue déjà les points de la naissance des plumes. Le septième jour la tête du poulet est fort grosse ; le cerveau paraît recouvert de ses membranes ; le bec se voit très bien entre les deux yeux ; les ailes, les cuisses et les pieds ont acquis leur figure parfaite ; le cœur paraît alors être composé de deux ventricules, comme de deux bulles contiguës et réunies à la partie supérieure avec le corps des oreillettes, et on remarque deux mouvements successifs dans les ventricules aussi bien que dans les oreillettes ; c’est comme s’il y avait deux cœurs séparés.

Je ne suivrai pas plus loin Malpighi : le reste n’est qu’un développement plus grand des parties, qui se fait jusqu’au vingt et unième jour que le poulet casse sa coquille après avoir pipé ; le cœur est le dernier à prendre la forme qu’il doit avoir, et à se réunir en deux ventricules ; car le poumon paraît à la fin du neuvième jour, il est alors de couleur blanchâtre, et le dixième jour les muscles des ailes paraissent, les plumes sortent, et ce n’est qu’au onzième jour qu’on voit des artères, qui auparavant étaient éloignées du cœur, s’y attacher, comme les doigts à la main, et qu’il est parfaitement conformé et réuni en deux ventricules.

On est maintenant en état de juger sainement de la valeur des expériences d’Harvey ; il y a grande apparence que ce fameux anatomiste ne s’est pas servi de microscope, qui à la vérité n’était pas perfectionné de son temps, car il n’aurait pas assuré, comme il l’a fait, que la cicatricule d’un œuf infécond et celle d’un œuf fécond n’avaient aucune différence ; il n’aurait pas dit que la semence du mâle ne produit aucune altération dans l’œuf, et qu’elle ne forme rien dans cette cicatricule ; il n’aurait pas dit qu’on ne voit rien avant la fin du troisième jour, et que ce qui paraît le premier est un point animé dans lequel il croit que s’est changé le point blanc ; il aurait vu que ce point blanc était une bulle qui contient l’ouvrage entier de la génération, et que toutes les parties du fœtus y sont ébauchées au moment que la poule a eu communication avec le coq ; il aurait reconnu de même que sans cette communication elle ne contient qu’une môle informe qui ne peut devenir animée, parce qu’en effet elle n’est pas organisée comme un animal, et que ce n’est que quand cette môle, qu’on doit regarder comme un assemblage des parties organiques de la semence de la femelle, est pénétrée par les parties organiques de la semence du mâle qu’il en résulte un animal, qui dès ce moment est formé, mais dont le mouvement est encore imperceptible, et ne se découvre qu’au bout de quarante heures d’incubation ; il n’aurait pas assuré que le cœur est formé le premier, que les autres parties viennent s’y joindre par juxtaposition, puisqu’il est évident, par les observations de Malpighi, que les ébauches de toutes les parties sont toutes formées d’abord, mais que ces parties paraissent à mesure qu’elles se développent ; enfin s’il