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de différente grosseur : il dit en avoir vu plus de cent dans l’ovaire d’une raie.

Il fait ensuite l’exposition anatomique des parties de la génération de la poule, et il observe que dans tous les oiseaux la situation de l’orifice de l’anus et de la vulve est contraire à la situation de ces parties dans les autres animaux ; les oiseaux ont en effet l’anus en devant, et la vulve en arrière[1] ; et à l’égard de celles du coq, il prétend que cet animal n’a point de verge, quoique les oies et les canards en aient de fort apparentes ; l’autruche surtout en a une de la grosseur d’une langue de cerf ou de celle d’un petit bœuf ; il dit donc qu’il n’y a point d’intromission, mais seulement un simple attouchement, un frottement extérieur des parties du coq et de la poule, et il croit que dans tous les petits oiseaux qui, comme les moineaux, ne se joignent que pour quelques moments, il n’y a point d’intromission ni de vraie copulation.

Les poules produisent des œufs sans coq, mais en plus petit nombre, et ces œufs, quoique parfaits, sont inféconds ; il ne croit pas, comme c’est le sentiment des gens de la campagne, qu’en deux ou trois jours d’habitude avec le coq la poule soit fécondée au point que tous les œufs qu’elle doit produire pendant toute l’année soient tous féconds ; seulement il dit avoir fait cette expérience sur une poule séparée du coq depuis vingt jours, dont l’œuf se trouva fécond, ceux qu’elle avait pondus comme auparavant. Tant que l’œuf est attaché à son pédicule, c’est-à-dire à la grappe commune, il tire sa nourriture par les vaisseaux de ce pédicule commun ; mais dès qu’il s’en détache, il la tire par intussusception de la liqueur blanche qui remplit les conduits dans lesquels il descend, et tout, jusqu’à la coquille, se forme par ce moyen.

Les deux cordons (chalazæ), qu’Aquapendente regardait comme le germe ou la partie produite par la semence du mâle, se trouvent aussi bien dans les œufs inféconds que la poule produit sans communication avec le coq que dans les œufs féconds, et Harvey remarque très bien que ces parties de l’œuf ne viennent pas du mâle, et qu’elles ne sont pas celles qui sont fécondées. La partie de l’œuf qui est fécondée est très petite ; c’est un petit cercle blanc qui est sur la membrane du jaune, qui y forme une petite tache semblable à une cicatrice de la grandeur d’une lentille environ ; c’est dans ce petit endroit que se fait la fécondation, c’est là où le poulet doit naître et croître ; toutes les autres parties de l’œuf ne sont faites que pour celle-ci. Harvey remarque aussi que cette cicatricule se trouve dans tous les œufs féconds ou inféconds, et il dit que ceux qui veulent qu’elle soit produite par la semence du mâle se trompent ; elle est de la même grandeur et de la même forme dans les œufs frais et dans ceux qu’on a gardés longtemps ; mais dès qu’on veut les faire éclore et que l’œuf reçoit un degré de chaleur convenable, soit par la poule

  1. La plupart de tous ces faits sont tirés d’Aristote.