Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sang, et qui, a l’exception, dit-il, de quelques-uns, se multiplient tous par la copulation ; les autres, qui n’ont point de sang, qui, étant mâles et femelles en même temps, produisent d’eux-mêmes et sans copulation, et enfin ceux qui viennent de pourriture et qui ne doivent pas leur origine à des parents de même espèce qu’eux. À mesure que j’exposerai ce que dit Aristote, je prendrai la liberté de faire les remarques nécessaires, et la première sera qu’on ne doit point admettre cette division ; car, quoique en effet toutes les espèces d’animaux qui ont du sang[NdÉ 1] soient composées de mâles et de femelles, il n’est peut-être pas également vrai que les animaux qui n’ont point de sang soient pour la plupart en même temps mâles et femelles : car nous ne connaissons guère que le limaçon sur la terre et les vers qui soient dans ce cas, et qui soient en effet mâles et femelles, et nous ne pouvons pas assurer que tous les coquillages aient les deux sexes à la fois, aussi bien que tous les autres animaux qui n’ont point de sang[NdÉ 2] : c’est ce que l’on verra dans l’histoire particulière de ces animaux ; et à l’égard de ceux qu’il dit provenir de la pourriture, comme il n’en fait pas l’énumération, il y aurait bien des exceptions à faire, car la plupart des espèces que les anciens croyaient engendrées par la pourriture viennent d’un œuf ou d’un ver, comme les observateurs modernes s’en sont assurés.

Il fait ensuite une seconde division des animaux, savoir : ceux qui ont la faculté de se mouvoir progressivement, comme de marcher, de voler, de nager, et ceux qui ne peuvent se mouvoir progressivement. Tous ces animaux qui se meuvent et qui ont du sang ont des sexes ; mais ceux qui, comme les huîtres, sont adhérents, ou qui ne se meuvent presque pas, n’ont point de sexe et sont à cet égard comme les plantes ; ce n’est, dit-il, que par la grandeur ou par quelque autre différence qu’on les a distingués en mâles et femelles. J’avoue qu’on n’est pas encore assuré que les coquillages aient des sexes ; il y a dans l’espèce des huîtres des individus féconds et d’autres individus qui ne le sont pas[NdÉ 3] ; les individus féconds se distinguent à cette bordure déliée qui environne le corps de l’huître, et on les appelle les mâles[1]. Il nous manque sur cela beaucoup d’observations qu’Aristote pouvait avoir, mais dont il me paraît qu’il donne ici un résultat trop général.

Mais suivons. Le mâle, selon Aristote, renferme le principe du mouve-

  1. Voyez l’observation de M. Deslandes dans son Traité de la marine, Paris, 1747.
  1. Buffon veut dire, sans doute, du « sang rouge ».
  2. Il existe un grand nombre d’animaux hermaphrodites, c’est-à-dire possédant à la fois des organes mâles et des organes femelles, mais il n’existe qu’un bien petit nombre d’espèces dans lesquelles chaque individu hermaphrodite soit susceptible de se féconder lui-même.
  3. Les huîtres sont hermaphrodites.