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ston ; mais ce cervus burgundicus est un animal inconnu, et qui sûrement n’existe ni en Bourgogne ni en Europe : c’est simplement un nom que l’on aura donné à quelque tête de cerf ou de daim dont le bois était bizarre ; ou bien il se pourrait que la tête du caribou qu’a vue M. Brisson, et dont le bois n’était composé de chaque côté que, d’un seul merrain droit, long de dix pouces, avec un andouiller près de la base tourné en avant, soit en effet une tête de renne femelle, ou bien une jeune tête d’une première ou d’une seconde année : car on sait que dans le renne, la femelle porte un bois comme le mâle, mais beaucoup plus petit, et que dans tous deux la direction des premiers andouillers est en avant ; et enfin que dans cet animal l’étendue et les ramifications du bois, comme dans tous les autres qui en portent, suivent exactement la progression des années.

Les lièvres, les écureuils, les hérissons, les rats musqués, les loutres, les marmottes, les rats, les musaraignes, les chauves-souris, les taupes, sont aussi des espèces qu’on pourrait regarder comme communes aux deux continents, quoique dans tous ces genres il n’y ait aucune espèce qui soit parfaitement semblable en Amérique à celles de l’Europe ; et l’on sent qu’il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de prononcer si ce sont réellement des espèces différentes, ou seulement des variétés de la même espèce, qui ne sont devenues constantes que par l’influence du climat.

Les castors de l’Europe paraissent être les mêmes que ceux du Canada ; ces animaux préfèrent les pays froids, mais ils peuvent aussi subsister et se multiplier dans les pays tempérés : il y en a encore quelques-uns en France dans les îles du Rhône ; il y en avait autrefois en bien plus grand nombre, et il paraît qu’ils aiment encore moins les pays trop peuplés que les pays trop chauds : ils n’établissent leur société que dans les déserts éloignés de toute habitation ; et dans le Canada même, qu’on doit encore regarder comme un vaste désert, ils se sont retirés fort loin des habitations de toute la colonie.

Les loups et les renards sont aussi des animaux communs aux deux continents : on les trouve dans toutes les parties de l’Amérique septentrionale, mais avec des variétés ; il y a surtout des renards et des loups noirs, et tous y sont en général plus petits qu’en Europe, comme le sont aussi tous les autres animaux, tant ceux qui sont naturels au pays, que ceux qui y ont été transportés.

Quoique la belette et l’hermine fréquentent les pays froids en Europe, elles sont au moins très rares en Amérique ; il n’en est pas absolument de même des martes, des fouines et des putois.

La marte du nord de l’Amérique paraît être la même que celle de notre nord ; le vison de Canada ressemble beaucoup à la fouine, et le putois rayé de l’Amérique septentrionale n’est peut-être qu’une variété de l’espèce du putois de l’Europe.

Le lynx ou loup cervier, qu’on trouve en Amérique comme en Europe,