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coatis[1], les pacas[2], les philandres[3], les cochons d’Inde[4], les aperea[5] et les tatous[6], que je crois tous originaires et propres au nouveau monde, quoique les nomenclateurs les plus récents parlent d’une espèce de tatous des Indes orientales et d’une autre espèce en Afrique. Comme c’est seulement sur le témoignage de l’auteur de la description du cabinet de Seba que l’on a fait mention de ces tatous africains et orientaux, cela ne fait point une autorité suffisante pour que nous puissions y ajouter foi[NdÉ 1] ; car on sait, en général, combien il arrive de ces petites erreurs, de ces quiproquos de noms et de pays lorsqu’on forme une collection d’histoire naturelle : on achète un animal sous le nom de chauve-souris de Ternate ou d’Amérique, et un autre sous celui de tatou des Indes orientales ; on les annonce ensuite sous ces noms dans un ouvrage où l’on fait la description de ce cabinet, et de là ces noms passent dans les listes de nos nomenclateurs, tandis qu’en examinant de plus près on trouve que ces chauves-souris de Ternate ou d’Amérique sont des chauves-souris[7] de France, et que ces tatous des Indes ou d’Afrique pourraient bien être aussi des tatous d’Amérique.

Jusqu’ici nous n’avons pas parlé des singes, parce que leur histoire demande une discussion particulière. Comme le mot singe est un nom générique que l’on applique à un grand nombre d’espèces différentes les unes des autres, il n’est pas étonnant que l’on ait dit qu’il se trouvait des singes en grande quantité dans les pays méridionaux de l’un et de l’autre continent ; mais il s’agit de savoir si les animaux que l’on appelle singes en Asie et en Afrique sont les mêmes que les animaux auxquels on a donné ce même nom en Amérique ; il s’agit même de voir et d’examiner si de plus de trente espèces de singes que nous avons eus vivants, une seule de ces espèces se trouve également dans les deux continents.

Le satyre[8], ou l’homme des bois[NdÉ 2], qui par sa conformation paraît moins différer de l’homme que du singe, ne se trouve qu’en Afrique ou dans l’Asie méridionale, et n’existe point en Amérique.

  1. Voyez l’article de l’agouti et celui du coati.
  2. Paca. Pison, Hist. nat., p. 101. — Paca Brasiliensibus. Marcgr., Hist. Brasil., p. 224. — Ourana. Pak. Barrère, Hist. Fr. équin., p. 152.
  3. Carigueya Brasiliensibus. Marcgr., Hist. Brasil., p. 222. — Opossum. Jean de Laet, p. 82. — Le philandre. Brisson, Règne animal, p. 286 et suiv.
  4. Voyez l’article du cochon d’Inde.
  5. Aperea Brasiliensibus. Marcgr., Hist. Brasil., p. 223. — Le lapin du Brésil. Brisson. Règne animal, p. 149.
  6. Tatou, armadillo, ayotochtli. — Hernandès, Hist. Mex., p. 314.
  7. Voyez l’article des chauves-souris. Voyez aussi la Description du cabinet de Seba, vol. I, p. 47, où il donne les figures de l’armadille d’Afrique, et la page 62, où il donne celle de l’armadille orientale.
  8. Satyrus Indicus, ourang-outang Indis, et Homo sylvestris dictus. Charleton, Exer., p. 16. — L’homme des bois. Brisson, Règne animal, p. 189.
  1. Il n’existe, en effet, pas de tatous asiatiques.
  2. Orang-outang.