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On a empêché les chiens de l’étrangler, et M. le comte d’Haussonville, grand louvetier de France, le fait élever pour l’envoyer à la ménagerie. On a déjà observé qu’il lape de la même manière que les chiens. »

CINQUIÈME EXEMPLE DU PRODUIT D’UN CHIEN ET D’UNE LOUVE.

« En 1774, parut une louve en basse Normandie, qui se retirait dans le bois de Mont-Castre, proche le château de Latine et le bourg de la Haye-Dupuis.

» Cette louve ayant pris plusieurs bestiaux dans les landes et marais des environs, les habitants du canton lui donnèrent la chasse, firent des battues à différentes reprises, mais toujours en vain : l’animal, fin et subtil, sut s’esquiver ; ils parvinrent seulement à l’expulser du pays après qu’il y eut séjourné près d’un an.

» Mais ce qui étonna beaucoup, dans les battues que l’on fit, fut de voir plusieurs fois avec cette louve un chien de l’espèce du lévrier, qui s’était joint à elle et qui appartenait au seigneur de la paroisse de Mobec, voisine de la forêt de Mont-Castre.

» On sut que cette louve, étant sans doute en chaleur, venait la nuit dans les environs de la maison du seigneur de Mobec faire des hurlements pour attirer à elle le chien, qui en effet allait la joindre : ce qui fit faire des représentations au seigneur de Mobec pour se défaire de son chien, qu’en effet il fit tuer.

» Mais la louve était pleine, elle mit bas ses petits peu de temps après ; les habitants en trouvèrent cinq ; on en apporta deux au château de Laune ; le curé d’Angoville en éleva pendant quelque temps un, qui paraissait tenir du loup et du chien ; mais il devint si méchant et si funeste à la basse-cour qu’on fut obligé de le faire tuer.

» Le lévrier tué, les petits louveteaux pris, la louve ne reparut plus dans le pays.

» Il est certain qu’elle était pleine du chien, puisqu’on les avait vus plusieurs fois ensemble, qu’il n’y avait pas de loup dans le canton, et qu’elle mit bas ses petits environ trois mois après qu’on se fut aperçu de leur union et des hurlements qu’elle faisait pour attirer à elle le chien.

» Tout cela s’est passé depuis l’été de 1774 jusqu’à l’été de 1775, et est à la connaissance de tous les habitants du canton.

» On a vu chez M. le comte de Castelmore un petit chien âgé d’environ un an, et d’une assez jolie forme, que l’on assurait provenir d’une petite chienne et d’un renard. » Extrait d’une lettre écrite de Paris le 12 juin 1779.