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troisième génération, étaient posés horizontalement comme ceux du père, ou plutôt comme ceux du chien : d’ailleurs, au lieu d’avoir la queue courte et émoussée comme sa grand’mère et sa mère, elle l’avait au contraire fort longue et traînante, ce qui semble indiquer qu’ici le mâle avait plus influé sur ces différentes parties que les autres mâles dans les générations précédentes. Au reste, tous ces faits bien considérés ne détruisent pas ce que nous avons précédemment établi, puisque nous avons toujours cru que les mâles influaient plus que les femelles sur la forme des extrémités du corps ; mais, malgré ces expériences déjà réitérées, on sent bien qu’il n’est guère possible de rien établir encore de bien positif sur l’influence réciproque des mâles et des femelles dans la génération, et qu’elles ne suffisent pas pour reconnaître et saisir la marche ordinaire de la nature. Il y a tant de causes qui peuvent induire en erreur dans un sujet aussi délicat, que, quelque sagacité que puisse avoir un observateur naturaliste, il aura toujours raison de se méfier de ses opinions, s’il n’a pas un corps de preuves complet pour les appuyer. Par exemple, il est assez probable que, s’il y a de la différence dans la vigueur et le tempérament de deux animaux qui s’accouplent, le produit de cet accouplement aura plus de rapports avec celui des deux qui aura le plus de vigueur et de force de tempérament, et que, si c’est le mâle qui est supérieur à cet égard, les petits tiendront plus du père que de la femelle.

DU MÂLE. — QUATRIÈME GÉNÉRATION.

La femelle de la troisième génération étant devenue en chaleur fut couverte par son père, et mit bas, au printemps de l’année 1781, quatre petits tant mâles que femelles, dont deux furent mangés par le père et la mère ; il n’en resta que deux, l’un mâle et l’autre femelle. Ces jeunes animaux étaient doux et caressants ; cependant ils étaient un peu voraces, et attaquaient la volaille qui était à leur proximité.

Le mâle de cette quatrième génération conservait toujours la physionomie du loup ; ses oreilles étaient larges et droites ; son corps s’allongeait en marchant comme celui du loup ; la queue était un peu courbée et pendante entre les jambes ; il tenait encore du loup par la couleur du poil sur la tête et sur le corps.

À l’âge de près d’un an, sa longueur, mesurée en ligne droite du bout du nez à l’anus, était de deux pieds huit pouces six lignes, et, suivant la courbure du corps, de trois pieds quatre pouces neuf lignes.

Il avait les paupières, le nez et les narines noires, les joues blanches, ainsi que le dessous de la mâchoire inférieure, et l’on voyait aussi du blanc à la poitrine et sur les faces internes des jambes et des cuisses ; le dessous du ventre, en gagnant la poitrine, était d’un blanc sale tirant sur le jaunâtre.