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mère de celle que nous décrivons ici, les oreilles étaient à demi courbées, parce que l’animal était jeune lorsqu’il a été observé, et que ses oreilles n’avaient pas encore acquis la propriété de se tenir tout à fait droites ; mais depuis elles l’ont été, et ont eu la même forme que celles des autres femelles. Nous ajouterons encore que la femelle de la troisième génération, dont il s’agit dans cette description, avait la queue longue, bien fournie de poil, et exactement semblable à celle du loup, et que par ce dernier caractère elle semblait s’éloigner de sa grand’mère et de sa mère, qui avaient la queue courte, et se rapprocher de son aïeul et de son père, qui avaient la queue fort longue.

Elle tenait de son père : 1o par la couleur brune, mélangée de grisâtre, qu’elle avait sur le dos, les côtés du corps, le dessous du cou, et par le noirâtre qui était sur la tête et sur le front. Nous observerons, au sujet de cette couleur du poil, que dans le mâle de la seconde génération, c’est-à-dire le père de la femelle dont il est ici question, le poil était d’une couleur brune, parce que ce mâle, qui a été décrit à l’âge de six à sept mois, n’avait pas encore acquis sa véritable couleur, laquelle a été ensuite à peu près semblable à celle de la femelle dont nous parlons ici, c’est-à-dire brune, mélangée de gris ; nous ajouterons que cette femelle avait, de plus que son père et sa mère, du noirâtre sur toute la partie supérieure du museau ; 2o elle tenait de son père par le gris mélangé de blanc sale qu’elle avait sous le corps depuis le bas de la poitrine jusque auprès du ventre ; par le roussâtre qui était sur le côté extérieur des jambes, sur les côtés du nez et sur le dehors des oreilles, où il était nuancé de brunâtre, et par le noirâtre qui bordait les oreilles ; par le blanc qui était sur la face intérieure des oreilles, le bas des joues, la mâchoire inférieure, la partie intérieure des cuisses et des jambes, et sur le bas-ventre et autour de l’anus, mais nous devons remarquer à ce sujet que, dans tous les individus mâles et femelles de cette race de métis, il y avait toujours eu plus ou moins de blanc sur toutes ces différentes parties, et que par conséquent les pères et les mères peuvent avoir également contribué à leur transmettre cette couleur ; 3o enfin cette femelle tenait de son père par la couleur de tous les ongles, et par la forme et la situation des yeux, dont les orbites étaient, comme dans le chien, posés à peu près horizontalement, mais elle tenait du père et de la mère par la qualité du poil, qui n’avait point de duvet à sa racine, et qui, sans être aussi rude au toucher que celui du loup, l’était néanmoins beaucoup plus que celui du chien.

En comparant cette description avec les précédentes, on verra qu’elle tend à confirmer la plupart des raisonnements que nous avons déjà établis au sujet des animaux métis ; cependant il est vrai que la mère ne paraissait pas avoir influé ici sur la forme des yeux, qui, dans toutes les femelles, ont toujours été inclinés comme ceux du loup, tandis que ceux de notre femelle,