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Elle tenait de son père par les pieds et les ongles, qui étaient blanchâtres, et par les oreilles, qui étaient pendantes. À la vérité, il n’y avait que sept ongles blanchâtres dans le père, au lieu qu’ils étaient tous de cette couleur à peu près dans cette jeune femelle. Elle avait aussi les oreilles entièrement pendantes, au lieu que celles du père ne l’étaient qu’au tiers. Elle avait de plus, comme son père, une grande tache longitudinale sous le cou, qui commençait à la gorge, s’étendait en s’élargissant sur la poitrine, et finissait en pointe vers le milieu de la partie inférieure du corps. Elle lui ressemblait encore par la couleur blanchâtre du poil sur les joues, sur le bord de la lèvre supérieure, sur toute la mâchoire inférieure, sur la face intérieure des jambes, le contour de l’anus et des pieds, et enfin par la couleur du ventre, qui était blanchâtre, mêlé de gris cendré.

Elle avait de commun avec son père et sa mère la couleur grisâtre du dos et des côtés du corps ; le mélange de fauve et de blanchâtre sur le cou, le derrière des épaules et le dessus de la face extérieure des cuisses.

D’après l’examen et les descriptions que nous venons de faire de ces quatre animaux, il paraît qu’ils avaient plus de rapport avec la louve qu’avec le chien par les couleurs du poil, car ils avaient, comme la louve, toute la partie supérieure et les côtés du corps de couleur grisâtre mêlée de fauve en quelques endroits. Ils avaient aussi, comme la louve, du roussâtre et du blanchâtre sur la tête, sur les jambes et sous le ventre ; seulement le mâle de la première génération avait plus de blanc et moins de jaune que sa femelle, ce qui semblait venir du père chien, qui était plus blanc que noir : cependant la qualité du poil n’était pas absolument semblable à celui du poil de la louve, car dans ces quatre animaux il était moins rude, moins long et plus couché que dans la louve, qui d’ailleurs, comme tous les animaux carnassiers et sauvages, portait un second poil court et crêpé immédiatement sur la peau, lequel couvrait la racine des longs poils. Dans nos quatre animaux, nous avons remarqué ce petit poil, mais il n’était ni si crêpé ni si touffu que dans la louve, auquel néanmoins ils ressemblaient par ce caractère, puisque ce second poil ne se trouve pas communément dans nos chiens domestiques. D’ailleurs, le poil de ces quatre animaux, quoique différent par la qualité de celui de la louve, était en même temps plus rude et plus épais que celui du chien : en sorte qu’il semblait que la mère avait influé sur la couleur, et le père sur la nature de leur poil.

À l’égard de la forme du corps, on peut dire que dans le mâle et la femelle de la première génération elle provenait plus de la mère louve que du père chien ; car ces deux animaux avaient, comme la louve, le corps fort épais de bas en haut et beaucoup de ventre. Ils avaient le train de derrière fort affaissé, ce qui était produit par la forme de leurs jambes de derrière, qui étaient plus coudées que celles des chiens ordinaires, quoiqu’elles le soient moins que celles des loups. Cela s’accorde parfaitement avec ce que j’ai dit des