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CHIENS-MULETS

PROVENANT D’UNE LOUVE ET D’UN CHIEN BRAQUE

M. Surirey de Boissy, que j’ai déjà cité, m’a fait l’honneur de m’écrire au mois de mars 1776 une lettre par laquelle il m’informe que des quatre jeunes animaux produits le 6 juin 1773 par le chien braque et la louve, deux femelles avaient été données à des amis, et n’avaient pas vécu ; que la dernière femelle et le seul mâle, produit de cette portée, ont été conduits alors à une des terres de M. le marquis de Spontin, où ils ont passé l’automne, et qu’après le cruel accident arrivé au cocher de sa maison par la morsure de la mère louve, on l’avait tuée sur-le-champ. M. de Boissy ajoute que, de ces deux métis, la femelle dès sa jeunesse était moins sauvage que le mâle, qui semblait tenir plus qu’elle des caractères du loup ; qu’ensuite on les a transférés en hiver au château de Florennes, qui appartient aussi à M. le marquis de Spontin, qu’ils y ont été bien soignés et sont devenus très familiers ; qu’enfin, le 30 décembre 1775, ces deux animaux se sont accouplés, et que la nuit du 2 au 3 mars la femelle a mis bas quatre jeunes, etc.

Ensuite M. le marquis de Spontin a eu la bonté de m’écrire de Namur, le 21 avril 1776, que dans le désir de me satisfaire pleinement sur les nouveaux procréés de ces animaux métis, il s’est transporté à sa campagne pour observer attentivement les différences qu’ils pouvaient avoir avec leurs père et mère. Ces jeunes sont au nombre de quatre, deux mâles et deux femelles ; ces dernières ont les pattes de devant blanches, ainsi que le devant de la gorge, et la queue très courte, comme leur mère ; cela vient de ce que le mâtin qui a couvert la louve n’avait pas plus de queue qu’un chien d’arrêt. L’un des mâles est d’un brun presque noir ; il ressemble beaucoup plus à un chien qu’à un loup, quoiqu’il soit le plus sauvage de tous. L’autre mâle n’a rien qui le distingue, et paraît ressembler également au père et à la mère : les deux mâles ont la queue comme le père. M. le marquis de Spontin ajoute obligeamment : « Si vous vouliez, monsieur, accepter l’offre que j’ai l’honneur de vous faire de vous envoyer et faire conduire chez vous, à mes frais, le père, la mère et deux jeunes, vous m’obligeriez sensiblement : pour moi, je garderai les deux autres jeunes, pour voir si l’espèce ne dégénérera pas, et s’ils ne reviendront pas rrde vrais loups ou de vrais chiensrr. »

Par une seconde lettre datée de Namur le 2 juin 1776, M. le marquis