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DE LA MULE

EXEMPLES D’ACCOUPLEMENT PROLIFIQUE DE LA MULE AVEC LE CHEVAL

Nous avons dit, dans plusieurs endroits de notre ouvrage, que la mule produit quelquefois, surtout dans les pays chauds. Nous pouvons ajouter aux exemples que nous en avons donnés une relation authentique que M. Schiks, consul des états généraux de Hollande à Murcie en Espagne, a eu la bonté de m’envoyer, écrite en espagnol, et dont voici la traduction :

« En 1763, le 2 août à huit heures du soir, chez le sieur François Carra, habitant de la ville de Valence, une de ses mules très bien faite et d’un poil bai, ayant été saillie par un beau cheval gris de Cordoue, fit une très belle pouline d’un poil alezan avec les crins noirs : cette pouline devint très belle, et se trouva en état de servir de monture à l’âge de deux ans et demi. On l’admirait à Valence, car elle avait toutes les qualités d’une belle bête de l’espèce pure du cheval ; elle était très vive et avait beaucoup de jarret : on en a offert six cents écus à son maître, qui n’a jamais voulu s’en défaire. Elle mourut d’une échauffaison, sans doute, pour avoir été trop fatiguée, ou montée trop tôt.

» En 1765, le 10 juin, à cinq heures du matin, la même mule de François Carra, qui avait été saillie par le même cheval de Cordoue, fit une autre pouline aussi belle que la première, et de la même force, d’un poil gris sale et crins noirs, mais qui ne vécut que quatorze mois.

» En 1767, le 31 janvier, cette mule produisit pour la troisième fois, et c’était un beau poulain, même poil gris sale, avec les crins noirs, de la même force que les autres ; il mourut âgé de dix-neuf mois.

» Le 1er décembre 1769, cette mule, toujours saillie par le même cheval, fit une pouline aussi belle que les autres, qui mourut à vingt et un mois.

» Le 13 juillet 1771, vers dix heures du soir, elle fit un poulain, poil gris sale, très fort, et qui vit encore actuellement, en mai 1777. Ces cinq animaux métis, mâles et femelles, viennent d’un même cheval, lequel étant venu à mourir, François Carra en acheta un autre très bon, du même pays de Cordoue, le 6 mars 1775 ; il était poil bai brun, avait une étoile au front, les pieds blancs de quatre doigts, et les crins noirs. Ce cheval, bien fait et vigoureux, saillit la mule sans qu’on s’en aperçut, et le 5 avril 1776, elle fit une pouline d’un poil alezan brûlé, qui avait aussi une étoile au front et des pieds blancs comme le père ; elle était d’une si belle tournure