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De ces quinze genres et de ces neuf espèces isolées, deux espèces et sept genres sont communs aux deux continents ; les deux espèces sont l’ours et la taupe, et les sept genres sont : 1o celui des grands pieds fourchus à cornes creuses : car le bœuf se retrouve en Amérique sous la forme du bison ; 2o celui des pieds fourchus à bois solides, car l’élan se retrouve au Canada sous le nom d’orignal, le renne sous celui de caribou, et l’on trouve aussi dans presque toutes les provinces de l’Amérique septentrionale des cerfs, des daims et des chevreuils ; 3o celui des fissipèdes carnassiers à ongles non rétractibles, car le loup et le renard se trouvent dans le nouveau monde comme dans l’ancien ; 4o celui des fissipèdes à corps très allongé, la fouine, la marte, le putois, se trouvent en Amérique comme en Europe ; 5o l’on y trouve aussi une partie du genre des fissipèdes, qui ont deux grandes dents incisives à chaque mâchoire, les écureuils, les marmottes, les rats, etc. ; 6o celui des fissipèdes amphibies : les morses, les phoques, les castors et les loutres existent dans le nord du nouveau continent comme dans celui de l’ancien ; 7o le genre des fissipèdes ailés y existe aussi en partie, car on y trouve des chauves-souris et des vampires, qui sont des espèces de roussettes.

Il ne reste donc que huit genres et cinq espèces isolées qui soient propres et particuliers à l’ancien continent ; ces huit genres ou familles sont : 1o celle des solipèdes proprement dits, car on n’a trouvé ni chevaux, ni ânes, ni zèbres, ni mulets dans le nouveau monde ; 2o celle des petits pieds fourchus à cornes creuses ; car il n’existait en Amérique ni brebis, ni chèvres, ni gazelles, ni chevrotains ; 3o la famille de cochons, car l’espèce du sanglier ne s’est point trouvée dans le nouveau monde ; et quoique le pecari, avec ses variétés, doive se rapporter à cette famille, il en diffère cependant par des caractères assez remarquables pour qu’on puisse l’en séparer ; 4o il en est de même de la famille des animaux carnassiers à ongles rétractibles ; on n’a trouvé en Amérique ni panthères, ni léopards, ni guépards, ni onces, ni servals ; et quoique les jaguars, couguars, ocelots et margais paraissent être de cette famille, il n’y a aucune de ces espèces du nouveau monde qui se trouve dans l’ancien continent, et réciproquement aucune espèce de l’ancien continent qui se soit trouvée dans le nouveau ; 5o il en est encore de même du genre des fissipèdes dont le corps est couvert de piquants, car, quoique le coëndou et l’urson soient très voisins de ce genre, ces espèces sont néanmoins très différentes de celles des porcs-épics et des hérissons ; 6o le genre des fissipèdes carnassiers à ongles non rétractibles, avec une poche sous la queue, car l’hyène, les civettes et les blaireaux n’existaient point en Amérique ; 7o les genres des quadrumanes, car l’on n’a trouvé en Amérique ni singes, ni babouins, ni guenons, ni makis ; et les sapajous, sagouins, sarigues, marmoses, etc., quoique quadrumanes, diffèrent de tous ceux de l’ancien continent ; 8o celui des fissipèdes couverts d’écailles : le pangolin ni le phatagin ne se sont point trouvés en Amérique, et les fourmiliers, auxquels