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encore mais bien décidé. On distinguait aussi à la base du cœur de petits allongements, qui étaient vraisemblablement les commencements des artères et peut-être des veines ; il n’y en avait que deux qui fussent bien distincts. Je n’ai remarqué ni foie, ni aucune autre glande[1]. »

Cette observation de M. Roume s’accorde avec celles que j’ai rapportées sur la forme extérieure et intérieure du fœtus dans les premiers jours après la conception, et il serait à désirer qu’on en rassemblât sur ce sujet un plus grand nombre que je n’ai pu le faire ; car le développement du fœtus, dans les premiers temps après sa formation, n’est pas encore assez connu ni assez nettement présenté par les anatomistes ; le plus beau travail qui se soit fait en ce genre est celui de Malpighi et de Valisnieri, sur le développement du poulet dans l’œuf ; mais nous n’avons rien d’aussi précis ni d’aussi bien suivi sur le développement de l’embryon dans les animaux vivipares, ni du fœtus dans l’espèce humaine ; et cependant les premiers instants, ou si l’on veut les premières heures qui suivent le moment de la conception, sont les plus précieux, les plus dignes de la curiosité des physiciens et des anatomistes : on pourrait aisément faire une suite d’expériences sur des animaux quadrupèdes, qu’on ouvrirait quelques heures et quelques jours après la copulation, et du résultat de ces observations on conclurait pour le développement du fœtus humain, parce que l’analogie serait plus grande et les rapports plus voisins que ceux qu’on peut tirer du développement du poulet dans l’œuf ; mais, en attendant, nous ne pouvons mieux faire que de recueillir, rassembler et ensuite comparer toutes les observations que le hasard ou les accidents peuvent présenter sur les conceptions des femmes dans les premiers jours, et c’est par cette raison que j’ai cru devoir publier l’observation précédente.

II. — Observation sur une naissance tardive.

J’ai dit qu’on avait des exemples de grossesses de dix, onze, douze et même treize mois, j’en vais rapporter une ici que les personnes intéressées m’ont permis de citer, et je ne ferai que copier le Mémoire qu’ils ont eu la bonté de m’envoyer. M. de la Motte, ancien aide-major des gardes françaises, a trouvé, dans les papiers de feu M. de la Motte, son père, la relation suivante, certifiée véritable de lui, d’un médecin, d’un chirurgien, d’un accoucheur, d’une sagefemme, et de Mme de la Motte, son épouse.

Cette dame a eu neuf enfants, savoir, trois filles et six garçons, du nombre desquels deux filles et un garçon sont morts en naissant ; deux autres garçons sont morts au service du roi, où les cinq garçons restants avaient été placés à l’âge de quinze ans.

Ces cinq garçons, et la fille qui a vécu, étaient tous bien faits, d’une jolie

  1. Journal de physique, par M. l’abbé Rozier ; juillet 1775, pages 52 et 53.