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ADDITION

À L’ARTICLE DES VARIÉTÉS DANS LA GÉNÉRATION ET AUX ARTICLES OÙ IL EST QUESTION DE LA GÉNÉRATION SPONTANÉE.

Mes recherches et mes expériences sur les molécules organiques démontrent qu’il n’y a point de germes préexistants, et en même temps elles prouvent que la génération des animaux et des végétaux n’est pas univoque ; qu’il y a peut-être autant d’êtres, soit vivants, soit végétants, qui se reproduisent par l’assemblage fortuit des molécules organiques qu’il y a d’animaux ou de végétaux qui peuvent se reproduire par une succession constante de générations ; elles prouvent que la corruption, la décomposition des animaux et des végétaux, produit une infinité de corps organisés vivants et végétants ; que quelques-uns, comme ceux de la laite du calmar, ne sont que des espèces de machines, mais des machines qui, quoique très simples, sont actives par elles-mêmes ; que d’autres, comme les animaux spermatiques, sont des corps qui, par leur mouvement, semblent imiter les animaux ; que d’autres ressemblent aux végétaux par leur manière de croître et de s’étendre dans toutes leurs dimensions ; qu’il y en a d’autres, comme ceux du blé ergoté, qu’on peut faire vivre et mourir aussi souvent que l’on veut ; que l’ergot, ou le blé ergoté, qui est produit par une espèce d’altération ou de décomposition de la substance organique du grain, est composé d’une infinité de filets ou de petits corps organisés, semblables pour la figure à des anguilles ; que pour les observer au microscope il n’y a qu’à faire infuser le grain ergoté pendant dix à douze heures dans l’eau, et séparer les filets qui en composent la substance, qu’on verra qu’ils ont un mouvement de flexion et de tortillement très marqué, et qu’ils ont en même temps un léger mouvement de progression qui imite en perfection celui d’une anguille qui se tortille ; que quand l’eau vient à leur manquer ils cessent de se mouvoir ; mais qu’en ajoutant de la nouvelle eau leur mouvement se renouvelle, et que si on garde cette matière pendant plusieurs jours, pendant plusieurs mois, et même pendant plusieurs années, dans quelque temps qu’on la prenne pour l’observer on y verra les mêmes petites anguilles dès qu’on la mêlera avec de l’eau, les mêmes filets en mouvement qu’on y aura vus la première fois ; en sorte qu’on peut faire agir ces petits corps aussi souvent et aussi longtemps qu’on le veut, sans les détruire et sans qu’ils perdent rien de leur force ou de leur activité. Ces petits corps seront, si l’on veut, des espèces de machines qui se mettent en mouvement dès qu’elles sont plongées dans un fluide. Ce sont des espèces de filets ou filaments qui s’ouvrent quelquefois comme les filaments de la semence des animaux et produisent des globules mouvants ; on pourrait