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matrice, est en effet produite par la séparation de quelques mamelons du placenta.

Il arrive quelquefois que le fœtus sort de la matrice sans déchirer les membranes qui l’enveloppent, et par conséquent sans que la liqueur qu’elles contiennent se soit écoulée : cet accouchement paraît être le plus naturel et ressemble à celui de presque tous les animaux ; cependant le fœtus humain perce ordinairement ses membranes à l’endroit qui se trouve sur l’orifice de la matrice, par l’effort qu’il fait contre cette ouverture ; et il arrive assez souvent que l’amnios, qui est fort mince, ou même le chorion, se déchirent sur les bords de l’orifice de la matrice, et qu’il en reste une partie sur la tête de l’enfant en forme de calotte ; c’est ce qu’on appelle naître coiffé. Dès que cette membrane est percée ou déchirée, la liqueur qu’elle contient s’écoule : on appelle cet écoulement le bain ou les eaux de la mère ; les bords de l’orifice de la matrice et les parois du vagin en étant humectés se prêtent plus facilement au passage de l’enfant ; après l’écoulement de cette liqueur, il reste dans la capacité de la matrice un vide dont les accoucheurs intelligents savent profiter pour retourner le fœtus, s’il est dans une position désavantageuse pour l’accouchement, ou pour le débarrasser des entraves du cordon ombilical, qui l’empêchent quelquefois d’avancer. Lorsque le fœtus est sorti, l’accouchement n’est pas encore fini ; il reste dans la matrice le placenta et les membranes ; l’enfant nouveau-né y est attaché par le cordon ombilical : la main de l’accoucheur, ou seulement le poids du corps de l’enfant, les tire au dehors par le moyen de ce cordon, c’est ce qu’on appelle délivrer la femme, et on donne alors au placenta et aux membranes le nom de délivrance. Ces organes, qui étaient nécessaires à la vie du fœtus, deviennent inutiles et même nuisibles à celle du nouveau-né ; on les sépare tout de suite du corps de l’enfant en nouant le cordon à un doigt de distance du nombril, et on le coupe à un doigt au-dessus de la ligature ; ce reste du cordon se dessèche peu à peu et se sépare de lui-même à l’endroit du nombril, ordinairement au sixième ou septième jour.

En examinant le fœtus dans le temps qui précède la naissance, l’on peut prendre quelque idée du mécanisme de ses fonctions naturelles ; il a des organes qui lui sont nécessaires dans le sein de sa mère, mais qui lui deviennent inutiles dès qu’il en est sorti. Pour mieux entendre le mécanisme des fonctions du fœtus, il faut expliquer un peu plus en détail ce qui a rapport à ses parties accessoires, qui sont le cordon, les enveloppes, la liqueur qu’elles contiennent, et enfin le placenta : le cordon qui est attaché au corps du fœtus, à l’endroit du nombril, est composé de deux artères et d’une veine qui prolongent le cours de la circulation du sang ; la veine est plus grosse que les artères : à l’extrémité de ce cordon, chacun de ces vaisseaux se divise en une infinité de ramifications qui s’étendent entre deux membranes et qui s’écartent également du tronc commun, de sorte que le composé de ces ramifi-