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À trois mois le fœtus a près de trois pouces, il pèse environ trois onces. Hippocrate dit que c’est dans ce temps que les mouvements du fœtus mâle commencent à être sensibles pour la mère, et il assure que le fœtus femelle ne se fait sentir ordinairement qu’après le quatrième mois ; cependant il y a des femmes qui disent avoir senti dès le commencement du second mois le mouvement de leur enfant : il est assez difficile d’avoir sur cela quelque chose de certain, la sensation que les mouvements du fœtus excitent dépendant peut-être plus, dans ces commencements, de la sensibilité de la mère que de la force du fœtus.

Quatre mois et demi après la conception, la longueur du fœtus est de six à sept pouces ; toutes les parties de son corps sont si fort augmentées qu’on les distingue parfaitement les unes des autres ; les ongles mêmes paraissent aux doigts des pieds et des mains. Les testicules des mâles sont enfermés dans le ventre au-dessus des reins ; l’estomac est remplie d’une humeur un peu épaisse et assez semblable à celle que renferme l’amnios ; on trouve dans les petits boyaux une matière laiteuse, et dans les gros une matière noire et liquide ; il y a un peu de bile dans la vésicule du fiel et un peu d’urine dans la vessie. Comme le fœtus flotte librement dans le liquide qui l’environne, il y a toujours de l’espace entre son corps et les membranes qui l’enveloppent ; ces enveloppes croissent d’abord plus que le fœtus, mais après un certain temps c’est tout le contraire ; le fœtus croît à proportion plus que ces enveloppes, il peut y toucher par les extrémités de son corps, et on croirait qu’il est obligé de les plier. Avant la fin du troisième mois la tête est courbée en avant, le menton pose sur la poitrine, les genoux sont relevés, les jambes repliées en arrière ; souvent elles sont croisées, et la pointe du pied est tournée en haut et appliquée contre la cuisse, de sorte que les deux talons sont fort près l’un de l’autre : quelquefois les genoux s’élèvent si haut qu’ils touchent presque aux joues, les jambes sont pliées sous les cuisses, et la plante du pied est toujours en arrière ; les bras sont abaissés et repliés sur la poitrine : l’une des mains, souvent toutes les deux, touchent le visage ; quelquefois elles sont fermées, quelquefois aussi les bras sont pendants à côté du corps. Le fœtus prend ensuite des situations différentes de celle-ci ; lorsqu’il est prêt à sortir de la matrice, et même longtemps auparavant, il a ordinairement la tête en bas et la face tournée en arrière ; et il est naturel d’imaginer qu’il peut changer de situation à chaque instant. Des personnes expérimentées dans l’art des accouchements ont prétendu s’être assurées qu’il en changeait en effet beaucoup plus souvent qu’on ne le croit vulgairement. On peut le prouver par plusieurs observations : 1o on trouve souvent le cordon ombilical tortillé et passé autour du corps et des membres de l’enfant, d’une manière qui suppose nécessairement que le fœtus ait fait des mouvements dans tous les sens et qu’il ait pris des positions successives très différentes entre elles ; 2o les mères sentent les mouvements