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miers linéaments du fœtus[NdÉ 1] ; cependant ils sont encore informes : on voit seulement au bout de ces sept jours ce qu’on voit dans l’œuf au bout de vingt-quatre heures, une masse d’une gelée presque transparente qui a déjà quelque solidité, et dans laquelle on reconnaît la tête et le tronc, parce que cette masse est d’une forme allongée, que la partie supérieure qui représente le tronc est plus déliée et plus longue : on voit aussi quelques petites fibres en forme d’aigrette, qui sortent du milieu du corps du fœtus et qui aboutissent à la membrane dans laquelle il est renfermé aussi bien que la liqueur qui l’environne ; ces fibres doivent former dans la suite le cordon ombilical.

  1. À l’époque où Buffon écrivait ce mémoire on ne connaissait encore que fort peu les phases successives par lesquelles passe l’embryon des animaux pendant son développement. On se bornait à discuter si telle partie se formait avant telle ou telle autre ; les uns se prononçaient en faveur du cœur, d’autres en faveur du cerveau, mais tous n’étaient guidés que par des considérations plus métaphysiques que physiologiques.

    Le lecteur me saura peut-être gré d’exposer ici rapidement les traits principaux du développement du fœtus, ainsi que je l’ai fait pour l’organisation des appareils génitaux et des éléments reproducteurs mâles et femelles. Buffon ne parlant que des animaux supérieurs, c’est d’eux seuls aussi que je m’occuperai, et, comme lui, je m’en tiendrai au développement du fœtus humain.

    Après la fécondation, c’est-à-dire après la fusion d’un ou plusieurs spermatozoïdes avec le contenu de l’œuf, celui-ci se segmente d’abord en deux, puis en quatre, en huit, en seize, en trente-deux, etc. cellules, de manière à offrir bientôt l’aspect d’une mure, d’où le nom de morula qui a été donné par M. Hæckel à cette phase du développement. Du liquide s’accumule ensuite au centre de cette masse dont les cellules constituantes finissent par se séparer en une seule couche, située au-dessous de la membrane vitelline, limitant une cavité pleine de liquide. M. Hæckel a donné à cette deuxième phase du développement de l’œuf le nom de blastula. Bientôt, sur un point limité de cette vésicule, les cellules se segmentent transversalement de manière à former deux couches concentriques, que l’on réunit sous le nom de blastoderme. C’est lui qui constitue véritablement le premier état de l’embryon. La couche la plus superficielle du blastoderme a reçu le nom de feuillet externe du blastoderme ; on donne à la plus profonde le nom de feuillet interne du blastoderme. Entre ces deux couches il s’en développe bientôt une troisième qui a reçu, d’après sa position, le nom de feuillet moyen du blastoderme. Chacun de ces feuillets est destiné à produire une portion déterminée des tissus et des organes de l’embryon. Le feuillet externe donne naissance à l’épiderme, au système nerveux central, etc. Le feuillet interne produit l’épithélium du tube intestinal, du poumon, des glandes annexes du tube digestif, etc. Quant au feuillet intermédiaire, il produit l’appareil vasculaire, une portion du système nerveux, etc. Le lecteur n’attend pas que j’entre ici dans l’exposé des phénomènes très complexes à l’aide desquels s’effectue la production des divers tissus, organes et appareils de l’embryon. Je dois me borner à suivre les principales phases du développement de ce dernier, envisagé dans son ensemble.

    Nous avons dit dans une note précédente que l’on ignore encore le point exact des organes génitaux femelles dans lequel se produit la fécondation, mais qu’il est permis de supposer qu’elle s’effectue soit à la surface même de l’ovaire, au moment où l’œuf sort de la vésicule rompue de Graaf, soit dans les trompes. Quoi qu’il en soit, aussitôt après la fécondation et tandis que l’œuf subit les premières segmentations dont nous venons de parler, l’utérus devient le siège d’une série de phénomènes très importants. Une quantité de sang plus considérable qu’à l’ordinaire y afflue et la muqueuse émet une grande quantité de petits mamelons très riches en vaisseaux. L’œuf se fixe entre deux de ces mamelons qui grandissent alors très rapidement autour de lui et finissent par lui former une enveloppe complète qui s’agrandira en même temps qu’augmentera la taille de l’embryon et qui