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inférieure, et les vertèbres qui la contiennent, paraissent être l’axe réel auquel on doit rapporter toutes les parties doubles du corps animal : elles semblent en tirer leur origine et n’être que les rameaux symétriques qui partent de ce tronc ou de cette base commune ; car on voit sortir les côtes de chaque côté des vertèbres dans le petit poulet, et le développement de ces parties doubles et symétriques se fait par une espèce de végétation, comme celle de plusieurs rameaux qui partiraient de plusieurs boutons disposés régulièrement des deux côtés d’une branche principale. Dans tous les embryons, les parties du milieu de la tête et des vertèbres paraissent les premières ; ensuite on voit aux deux côtés d’une vésicule qui fait le milieu de la tête deux autres vésicules qui paraissent sortir de la première ; ces deux vésicules contiennent les yeux et les autres parties doubles de la tête : de même on voit de petites éminences sortir en nombre égal de chaque côté des vertèbres, s’étendre, prendre de l’accroissement et former les côtes et les autres parties doubles du tronc ; ensuite, à côté de ce tronc déjà formé, on voit paraître de petites éminences pareilles aux premières, qui se développent, croissent insensiblement et forment les extrémités supérieures et inférieures, c’est-à-dire les bras et les jambes. Ce premier développement est fort différent de celui qui se fait dans la suite ; c’est une production de parties qui semblent naître et qui paraissent pour la première fois ; l’autre, qui lui succède, n’est qu’un accroissement de toutes les parties déjà nées et formées en petit, à peu près comme elles doivent l’être en grand.

Cet ordre symétrique de toutes les parties doubles se trouve dans tous les animaux ; la régularité de la position de ces parties doubles, l’égalité de leur extension et de leur accroissement, tant en masse qu’en volume, leur parfaite ressemblance entre elles, tant pour le total que pour le détail des parties qui les composent, semblent indiquer qu’elles tirent réellement leur origine des parties simples ; qu’il doit résider dans ces parties simples une force qui agit également de chaque côté, ou, ce qui revient au même, que les parties simples sont les points d’appui contre lesquels s’exerce l’action des forces qui produisent le développement des parties doubles ; que l’action de la force par laquelle s’opère le développement de la partie droite est égale à l’action de la force par laquelle se fait le développement de la partie gauche, et que, par conséquent, elle est contre-balancée par cette réaction.

De là on doit inférer que s’il y a quelque défaut, quelque excès ou quelque vice dans la matière qui doit servir à former les parties doubles, comme la force qui les pousse de chaque côté de leur base commune est toujours égale, le défaut, l’excès ou le vice se doit trouver à gauche comme à droite ; et que, par exemple, si par un défaut de matière un homme se trouve n’avoir que deux doigts au lieu de cinq à la main droite, il n’aura non plus que deux doigts à la main gauche ; ou bien que, si par un excès de matière organique il se trouve avoir six doigts à l’une des mains, il aura de même