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glanduleux des testicules des femelles, la barbe des mâles, etc., qui ne se montrent que quand le temps de produire son semblable est arrivé, etc.

Il me paraît que, pour reconnaître les parties fondamentales et essentielles du corps de l’animal, il faut faire attention au nombre, à la situation et à la nature de toutes les parties : celles qui sont simples, celles dont la position est invariable, celles dont la nature est telle que l’animal ne peut exister sans elles, seront certainement les parties essentielles ; celles au contraire qui sont doubles, ou en plus grand nombre, celles dont la grandeur et la position varient, et enfin celles qu’on peut retrancher de l’animal sans le blesser, ou même sans le faire périr, peuvent être regardées comme moins nécessaires et plus accessoires à la machine animale. Aristote a dit que les seules parties qui fussent essentielles à tout animal étaient celle avec laquelle il prend la nourriture, celle dans laquelle il la digère et celle par laquelle il en rend le superflu ; la bouche et le conduit intestinal, depuis la bouche jusqu’à l’anus, sont en effet des parties simples, et qu’aucune autre ne peut suppléer. La tête et l’épine du dos sont aussi des parties simples, dont la position est invariable ; l’épine du dos sert de fondement à la charpente du corps, et c’est de la moelle allongée qu’elle contient que dépendent les mouvements et l’action de la plupart des membres et des organes ; c’est aussi cette partie qui paraît une des premières dans l’embryon : on pourrait même dire qu’elle paraît la première, car la première chose qu’on voit dans la cicatricule de l’œuf est une masse allongée dont l’extrémité qui forme la tête ne diffère du total de la masse que par une espèce de forme contournée et un peu plus renflée que le reste. Or, ces parties simples et qui paraissent les premières sont toutes essentielles à l’existence, à la forme et à la vie de l’animal.

Il y a beaucoup plus de parties doubles dans le corps de l’animal que de parties simples, et ces parties doubles semblent avoir été produites symétriquement de chaque côté des parties simples, par une espèce de végétation, car ces parties doubles sont semblables par la forme, et différentes par la position. La main gauche, par exemple, ressemble à la main droite, parce qu’elle est composée du même nombre de parties, lesquelles étant prises séparément, et étant comparées une à une et plusieurs à plusieurs, n’ont aucune différence ; cependant, si la main gauche se trouvait à la place de la droite, on ne pourrait pas s’en servir aux mêmes usages, et on aurait raison de la regarder comme un membre très différent de la main droite. Il en est de même de toutes les autres parties doubles ; elles sont semblables pour la forme, et différentes pour la position : cette position se rapporte au corps de l’animal, et en imaginant une ligne qui partage le corps du haut en bas en deux parties égales, on peut rapporter à cette ligne, comme à un axe, la position de toutes ces parties semblables.

La moelle allongée, à la prendre depuis le cerveau jusqu’à son extrémité