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tat igitur ignorationem fateri, quàm speculationibus indulgere. » (Voyez Comm. Acad. Petropol., vol. IV, p. 261 et 262.) L’auteur de cette observation, qui marque, comme l’on voit, autant d’esprit et de jugement que de connaissances en anatomie, a raison de se faire ces difficultés, qui paraissent être en effet insurmontables dans le système des œufs, mais qui disparaissent dans notre explication ; et cette observation semble seulement prouver, comme nous l’avons dit, que la liqueur séminale de la femelle peut bien pénétrer le tissu de la matrice et y entrer à travers les pores des membranes de ce viscère, comme je ne doute pas que celle du mâle ne puisse y entrer aussi de la même façon ; il me semble que pour se le persuader il suffit de faire attention à l’altération que la liqueur séminale du mâle cause à ce viscère, et à l’espèce de végétation ou de développement qu’elle y cause. D’ailleurs la liqueur qui sort par les lacunes de Graaf, tant celles qui sont autour du col de la matrice que celles qui sont aux environs de l’orifice extérieur de l’urètre, étant, comme nous l’avons insinué, de la même nature que la liqueur du corps glanduleux, il est bien évident que cette liqueur vient des testicules, et cependant il n’y a aucun vaisseau qui puisse la conduire, aucune voie connue par où elle puisse passer ; par conséquent on doit conclure qu’elle pénètre le tissu spongieux de toutes ces parties, et que non seulement elle entre ainsi dans la matrice, mais même qu’elle en peut sortir lorsque ces parties sont en irritation.

Mais quand même on se refuserait à cette idée, et qu’on traiterait de chose impossible la pénétration du tissu de la matrice et des trompes par les molécules actives des liqueurs séminales, on ne pourra pas nier que celle de la femelle qui découle des corps glanduleux des testicules ne puisse entrer par l’ouverture qui est à l’extrémité de la trompe et qui forme le pavillon, qu’elle ne puisse arriver dans la cavité de la matrice par cette voie[NdÉ 1], comme celle du mâle y arrive par l’orifice de ce viscère, et que par conséquent ces deux liqueurs ne puissent se pénétrer, se mêler intimement dans cette cavité, et y former le fœtus de la manière dont nous l’avons expliqué.


  1. L’œuf descend, en effet, dans l’utérus par les trompes et les oviductes.