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Mais, pour ne pas sortir du sujet que je me suis proposé de traiter dans ce chapitre, je dois revenir à la formation immédiate du fœtus, sur laquelle il y a plusieurs remarques à faire, tant pour le lieu où se doit faire cette formation, que par rapport à différentes circonstances qui peuvent l’empêcher ou l’altérer.

Dans l’espèce humaine, la semence du mâle entre dans la matrice, dont la cavité est considérable, et lorsqu’elle y trouve une quantité suffisante de celle de la femelle, le mélange doit s’en faire, la réunion des parties organiques succède à ce mélange, et la formation du fœtus suit : le tout est peut-être l’ouvrage d’un instant, surtout si les liqueurs sont toutes deux nouvellement fournies et si elles sont dans l’état actif et florissant qui accompagne toujours les productions nouvelles de la nature. Le lieu où le fœtus doit se former est la cavité de la matrice, parce que la semence du mâle y arrive plus aisément qu’elle ne pourrait arriver dans les trompes, et que ce viscère n’ayant qu’un petit orifice, qui même se tient toujours fermé, à l’exception des instants où les convulsions de l’amour peuvent le faire ouvrir, l’œuvre de la génération y est en sûreté, et ne peut guère en ressortir que par des circonstances rares et par des hasards peu fréquents ; mais comme la liqueur du mâle arrose d’abord le vagin, qu’ensuite elle pénètre dans la matrice, et que par son activité et par le mouvement des molécules organiques qui la composent, elle peut arriver plus loin et aller dans les trompes, et peut-être jusqu’aux testicules, si le pavillon les embrasse dans ce moment ; et de même, comme la liqueur séminale de la femelle a déjà toute sa perfection dans le corps glanduleux des testicules, qu’elle en découle et qu’elle arrose le pavillon et les trompes avant que de descendre dans la matrice, et qu’elle peut sortir par les lacunes qui sont autour du col de la matrice, il est possible que le mélange des deux liqueurs se fasse dans tous ces différents lieux. Il est donc probable qu’il se forme souvent des fœtus dans le vagin, mais qu’ils en retombent, pour ainsi dire, aussitôt qu’ils sont formés, parce qu’il n’y a rien qui puisse les y retenir ; il doit arriver aussi quelquefois qu’il se forme des fœtus dans les trompes ; mais ce cas sera fort rare, car cela n’arrivera que quand la liqueur séminale du mâle sera entrée dans la matrice en grande abondance, qu’elle aura été poussée jusqu’à ces trompes, dans lesquelles elle se sera mêlée avec la liqueur séminale de la femelle.

Les recueils d’observations anatomiques font mention non seulement de fœtus trouvés dans les trompes, mais aussi de fœtus trouvés dans les testicules : on conçoit très aisément, par ce que nous venons de dire, comment il se peut qu’il s’en forme quelquefois dans les trompes ; mais, à l’égard des testicules, l’opération me paraît beaucoup plus difficile ; cependant elle n’est peut être pas absolument impossible ; car si l’on suppose que la liqueur séminale du mâle soit lancée avec assez de force pour être portée jusqu’à l’extrémité des trompes, et qu’au moment qu’elle y arrive le pavillon vienne