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sivement et dans le même ordre où elles étaient dans le corps de l’individu ; et selon que les molécules organiques de l’un ou de l’autre individu se trouvent être plus abondantes ou plus voisines de ce point d’appui, elles entrent en plus ou moins grande quantité dans la composition du nouvel être qui se forme de cette façon au milieu d’une liqueur homogène et cristalline, dans laquelle il se forme en même temps des vaisseaux ou des membranes qui croissent et se développent ensuite comme le fœtus, et qui servent à lui fournir de la nourriture : ces vaisseaux, qui ont une espèce d’organisation qui leur est propre, et qui en même temps est relative à celle du fœtus auquel ils sont attachés, sont vraisemblablement formés de l’excédent des molécules organiques qui n’ont pas été admises dans la composition même du fœtus ; car comme ces molécules sont actives par elles-mêmes et qu’elles ont aussi un centre de réunion formé par les molécules organiques des parties sexuelles de l’autre individu, elles doivent s’arranger sous la forme d’un corps organisé qui ne sera pas un autre fœtus, parce que la position des molécules entre elles a été dérangée par les différents mouvements des autres molécules qui ont formé le premier embryon, et par conséquent il doit résulter de l’assemblage de ces molécules excédantes un corps irrégulier, différent de celui d’un fœtus, et qui n’aura rien de commun que la faculté de pouvoir croître et de se développer comme lui, parce qu’il est en effet composé de molécules actives, aussi bien que le fœtus, lesquelles ont seulement pris une position différente, parce qu’elles ont été, pour ainsi dire, rejetées hors de la sphère dans laquelle se sont réunies les molécules qui ont formé l’embryon.

Lorsqu’il y a une grande quantité de liqueur séminale des deux individus, ou plutôt lorsque ces liqueurs sont fort abondantes en molécules organiques, il se forme différentes petites sphères d’attraction ou de réunion en différents endroits de la liqueur ; et alors, par une mécanique semblable à celle que nous venons d’expliquer, il se forme plusieurs fœtus, les uns mâles et les autres femelles, selon que les molécules qui représentent les parties sexuelles de l’un ou de l’autre individu se seront trouvées plus à portée d’agir que les autres, et auront en effet agi les premières ; mais jamais il ne se fera dans la même sphère d’attraction deux petits embryons, parce qu’il faudrait qu’il y eût alors deux centres de réunion dans cette sphère, qui auraient chacun une force égale, et qui commenceraient tous deux à agir en même temps, ce qui ne peut arriver dans une seule et même sphère d’attraction ; et d’ailleurs, si cela arrivait, il n’y aurait plus rien pour former le placenta et les enveloppes, puisque alors toutes les molécules organiques seraient employées à la formation de cet autre fœtus, qui dans ce cas serait nécessairement femelle, si l’autre était mâle ; tout ce qui peut arriver, c’est que quelques-unes des parties communes aux deux individus se trouvant également à portée du premier centre de réunion, elles y arrivent en même temps, ce qui