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sance de se reproduire tout seul, mais encore le moyen de pouvoir aussi se multiplier par la communication d’un autre individu[NdÉ 1].

Mais de quelque façon que la génération s’opère dans les différentes espèces d’animaux, il paraît que la nature la prépare par une nouvelle production dans le corps de l’animal : soit que cette production se manifeste au dehors, soit qu’elle reste cachée dans l’intérieur, elle précède toujours la génération, car, si l’on examine les ovaires des ovipares et les testicules des femelles vivipares, on reconnaîtra qu’avant l’imprégnation des unes et la fécondation des autres il arrive un changement considérable à ces parties, et qu’il se forme des productions nouvelles dans tous les animaux, lorsqu’ils arrivent au temps où ils doivent se multiplier. Les ovipares produisent des œufs qui d’abord sont attachés à l’ovaire, qui peu à peu grossissent et s’en détachent pour se revêtir ensuite, dans le canal qui les contient, du blanc, de leurs membranes et de la coquille. Cette production est une marque non équivoque de la fécondité de la femelle, marque qui la précède toujours, et sans laquelle la génération ne peut être opérée. De même, dans les femelles vivipares, il y a sur les testicules un ou plusieurs corps glanduleux qui croissent peu à peu au-dessous de la membrane qui enveloppe le testicule ; ces corps glanduleux grossissent, s’élèvent, percent, ou plutôt poussent et soulèvent la membrane qui leur est commune avec le testicule ; ils sortent à l’extérieur, et lorsqu’ils sont entièrement formés et que leur maturité est parfaite, il se fait à leur extrémité extérieure une petite fente ou plusieurs petites ouvertures par où ils laissent échapper la liqueur séminale, qui tombe ensuite dans la matrice : ces corps glanduleux sont, comme l’on voit, une nouvelle production qui précède la génération, et sans laquelle il n’y en aurait aucune.

Dans les mâles, il y a aussi une espèce de production nouvelle qui précède toujours la génération ; car dans les mâles des ovipares, il se forme peu à peu une grande quantité de liqueur qui remplit un réservoir très considérable, et quelquefois le réservoir même se forme tous les ans ; dans les poissons, la laite se forme de nouveau tous les ans, comme dans le calmar, ou bien d’une membrane sèche et ridée qu’elle était auparavant, elle devient une membrane épaisse et qui contient une liqueur abondante ; dans les oiseaux, les testicules se gonflent extraordinairement dans le temps qui précède celui de leurs amours, en sorte que leur grosseur devient, pour ainsi

  1. Les pucerons jouissent de deux modes distincts de reproduction : l’un sexuel, l’autre asexuel. À l’automne les mâles et les femelles s’accouplent, puis les femelles pondent des œufs qui restent en repos jusqu’au printemps suivant. Les pucerons qui sortent de ces œufs produisent, sans aucune fécondation, d’autres pucerons qui jouissent de la même propriété ; il peut se succéder ainsi, pendant l’été, sept, huit et même dix ou douze générations sans sexes, se reproduisant par une sorte de bourgeonnement interne. Puis survient à l’automne une génération composée de mâles et de femelles qui s’accouplent et dont les œufs passent l’hiver.