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tenaient des œufs semblables à ceux que contiennent les ovaires des femelles ovipares, mais seulement que ces œufs étaient beaucoup plus petits, et qu’ils ne tombaient pas au dehors, qu’ils ne se détachaient jamais que quand ils étaient fécondés, et qu’alors ils descendaient de l’ovaire dans les cornes de la matrice, où ils grossissaient. Les expériences de Graaf sont celles qui ont le plus contribué à faire croire à l’existence de ces prétendus œufs, qui cependant n’est point du tout fondée, car ce fameux anatomiste se trompe : 1o en ce qu’il prend les vésicules de l’ovaire pour des œufs, tandis que ce ne sont que des parties inséparables du testicule de la femelle, qui même en forment la substance, et que ces mêmes vésicules sont remplies d’une espèce de lymphe. Il se serait moins trompé s’il n’eût regardé ces vésicules que comme de simples réservoirs, et la lymphe qu’elles contiennent comme la liqueur séminale de la femelle, au lieu de prendre cette liqueur pour du blanc d’œuf ; 2o il se trompe encore en ce qu’il assure que le follicule ou le corps glanduleux est l’enveloppe de ces œufs ou de ces vésicules, car il est certain par les observations de Malpighi, de Valisnieri, et par mes propres expériences, que ce corps glanduleux n’enveloppe point ces vésicules, et n’en contient aucune ; 3o il se trompe encore davantage lorsqu’il assure que ce follicule ou corps glanduleux ne se forme jamais qu’après la fécondation, tandis qu’au contraire on trouve ces corps glanduleux formés dans toutes les femelles qui ont atteint la puberté ; 4o il se trompe lorsqu’il dit que les globules qu’il a vus dans la matrice, et qui contenaient le fœtus, étaient ces mêmes vésicules ou œufs de l’ovaire qui y étaient descendus, et qui, dit-il, y étaient devenus dix fois plus petits qu’ils ne l’étaient dans l’ovaire : cette seule remarque de les avoir trouvés dix fois plus petits dans la matrice qu’ils ne l’étaient dans l’ovaire au moment de la fécondation, ou même avant et après cet instant, n’aurait-elle pas dû lui faire ouvrir les yeux et lui faire reconnaître que ce qu’il voyait dans la matrice n’était pas ce qu’il avait vu dans le testicule ; 5o il se trompe en disant que les corps glanduleux du testicule ne sont que l’enveloppe de l’œuf fécond, et que le nombre de ces enveloppes ou follicules vides répond toujours au nombre des fœtus : cette assertion est tout à fait contraire à la vérité, car on trouve toujours sur les testicules de toutes les femelles un plus grand nombre de corps glanduleux ou de cicatrices qu’il n’y a eu de productions de fœtus, et on en trouve dans celles qui n’ont pas produit du tout. Ajoutez à tout cela qu’il n’a jamais vu l’œuf dans sa prétendue enveloppe ou dans son follicule, et que ni lui, ni Verheyen, ni les autres qui ont fait les mêmes expériences, n’ont vu cet œuf sur lequel ils ont cependant établi leur système.

Malpighi, qui a reconnu l’accroissement du corps glanduleux dans le testicule de la femelle, s’est trompé lorsqu’il a cru voir une fois ou deux l’œuf dans la cavité de ce corps glanduleux, puisque cette cavité ne contient que de la liqueur, et qu’après un nombre infini d’observations on n’y a jamais