Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les a suivies avec beaucoup plus de soin que je n’aurais pu le faire moi-même, et que cet habile naturaliste doit donner incessamment au public le recueil des découvertes qu’il a faites sur cette matière : je lui avais lu le traité précédent, et j’avais très souvent raisonné avec lui sur cette matière, et en particulier sur la vraisemblance qu’il y avait que nous trouverions dans les germes des amandes des fruits, et dans les autres parties les plus substantielles des végétaux des corps en mouvement, des parties organiques vivantes, comme dans la semence des animaux mâles et femelles. Cet excellent observateur trouva que ces vues étaient assez fondées et assez grandes pour mériter d’être suivies : il commença à faire des observations sur toutes les parties des végétaux, et je dois avouer que les idées que je lui ai données sur ce sujet ont plus fructifié entre ses mains qu’elles n’auraient fait entre les miennes ; je pourrais en citer d’avance plusieurs exemples, mais je me bornerai à un seul, parce que j’ai ci-devant indiqué le fait dont il est question, et que je vais rapporter.

Pour s’assurer si les corps mouvants qu’on voit dans les infusions de la chair des animaux étaient de véritables animaux, ou si c’étaient seulement, comme je le prétendais, des parties organiques mouvantes, M. Needham pensa qu’il n’y avait qu’à examiner le résidu de la viande rôtie, parce que le feu devait détruire les animaux, et qu’au contraire, si ces corps mouvants n’étaient pas des animaux, on devait les y retrouver comme on les trouve dans la viande crue. Ayant donc pris de la gelée de veau et d’autres viandes grillées et rôties, il les examina au microscope après les avoir laissées infuser pendant quelques jours dans de l’eau qui était contenue dans de petites bouteilles bouchées avec un grand soin, et il trouva dans toutes des corps mouvants en grande quantité : il me fit voir plusieurs fois quelques-unes de ces infusions, et entre autres celle de gelée de veau, dans laquelle il y avait des espèces de corps en mouvement si parfaitement semblables à ceux qu’on voit dans les liqueurs séminales de l’homme, du chien et de la chienne, dans le temps qu’ils n’ont plus de filets ou de queues, que je ne pouvais me lasser de les regarder ; on les aurait pris pour de vrais animaux ; et quoique nous les vissions s’allonger, changer de figure et se décomposer, leur mouvement ressemblait si fort au mouvement d’un animal qui nage, que quiconque les verrait pour la première fois, et sans savoir ce qui a été dit précédemment, les prendrait pour des animaux. Je n’ajouterai qu’un mot à ce sujet, c’est que M. Needham s’est assuré par une infinité d’observations que toutes les parties des végétaux contiennent des parties organiques mouvantes, ce qui confirme ce que j’ai dit et étend encore la théorie que j’ai établie au sujet de la composition des êtres organisés et au sujet de leur reproduction.

Tous les animaux, mâles ou femelles, tous ceux qui sont pourvus des deux sexes ou qui en sont privés, tous les végétaux, de quelque espèce qu’ils