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CHAPITRE VIII

RÉFLEXION SUR LES EXPÉRIENCES PRÉCÉDENTS

J’étais donc assuré, par les expériences que je viens de rapporter, que les femelles ont, comme les mâles, une liqueur séminale qui contient des corps en mouvement[NdÉ 1] ; je m’étais confirmé de plus en plus dans l’opinion que ces corps en mouvement ne sont pas de vrais animaux, mais seulement des parties organiques vivantes ; je m’étais convaincu que ces parties existent non seulement dans les liqueurs séminales des deux sexes, mais dans la chair même des animaux et dans les germes des végétaux : et pour reconnaître si toutes les parties des animaux et tous les germes des végétaux contenaient aussi des parties organiques vivantes, je fis faire des infusions de la chair de différents animaux et de plus de vingt espèces de graines de différentes plantes ; je mis cette chair et ces graines dans de petites bouteilles exactement bouchées, dans lesquelles je mettais assez d’eau pour recouvrir d’un demi-pouce environ les chairs ou les graines ; et les ayant ensuite observées quatre ou cinq jours après les avoir mises en infusion, j’eus la satisfaction de trouver dans toutes ces mêmes parties organiques en mouvement ; les unes paraissaient plus tôt, les autres plus tard ; quelques-unes conservaient leur mouvement pendant des mois entiers, d’autres cessaient plus tôt ; les unes produisaient d’abord de gros globules en mouvement, qu’on aurait pris pour des animaux, et qui changeaient de figure, se séparaient et devenaient successivement plus petits ; les autres ne produisaient que de petits globules forts actifs, et dont les mouvements étaient très rapides, les autres produisaient des filaments qui s’allongeaient et semblaient végéter, et qui ensuite se gonflaient et laissaient sortir des milliers de globules en mouvement ; mais il est inutile de grossir ce livre du détail de mes observations sur les infusions des plantes, parce que M. Needham

  1. On voit où Buffon a été conduit par son hypothèse des « parties organiques vivantes ». Le désir de les trouver partout lui fait admettre une liqueur femelle qui n’existe pas, et dans cette liqueur des « corps en mouvement » qui n’existent pas davantage. Enfin, il en arrive à considérer tous les êtres qui se développent dans les infusions comme des « parties organiques vivantes ».