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de figures différentes, dont les mouvements étaient aussi différents ; et d’en conclure que tout cela convient beaucoup mieux à des particules organiques en mouvement qu’à des animaux.

Il paraît donc que les observations de Leeuwenhoek ne sont nullement contraires aux miennes, et quoiqu’il en ait tiré des conséquences très différentes de celles que j’ai cru devoir tirer des miennes, il n’y a que peu d’opposition dans les faits, et je suis persuadé que si des personnes attentives se donnent la peine de faire de pareilles observations, elles n’auront pas de peine à reconnaître d’où proviennent ces différences, et qu’elles verront en même temps que je n’ai rien avancé qui ne soit entièrement conforme à la vérité : pour les mettre plus en état de décider, j’ajouterai quelques remarques que j’ai faites et qui pourront leur être utiles.

On ne voit pas toujours dans la liqueur séminale de l’homme les filaments dont j’ai parlé ; il faut pour cela l’examiner dans le moment qu’elle vient d’être tirée du corps, et encore arrivera-t-il que de trois ou quatre fois il n’y en aura qu’une où l’on verra de ces filaments ; quelquefois la liqueur séminale ne présente, surtout lorsqu’elle est fort épaisse, que de gros globules, qu’on peut même distinguer avec une loupe ordinaire ; en les regardant ensuite au microscope on les voit gros comme de petites oranges, et ils sont opaques, un seul tient souvent le champ entier du microscope. La première fois que je vis ces globules, je crus d’abord que c’étaient quelques corps étrangers qui étaient tombés dans la liqueur séminale ; mais en ayant pris différentes gouttes et ayant toujours vu la même chose, les mêmes globules, et ayant considéré cette liqueur entière avec une loupe, je reconnus qu’elle était toute composée de ces gros globules. J’en cherchai au microscope un des plus ronds et d’une telle grosseur que son centre étant dans le milieu du champ du microscope je pouvais en même temps en voir la circonférence entière, et je l’observai ensuite fort longtemps ; d’abord il était absolument opaque ; peu de temps après je vis se former sur sa surface, à environ la moitié de la distance du centre à la circonférence, un bel anneau lumineux et coloré, qui dura plus d’une demi-heure, et qui ensuite approcha du centre du globule par degrés, et alors le centre du globule était éclairé et coloré, tandis que tout le reste était opaque. Cette lumière, qui éclairait le centre du globule, ressemblait alors à celle que l’on voit dans les grosses bulles d’air qui se trouvent assez ordinairement dans toutes les liqueurs : le gros globule que j’observais prit un peu d’aplatissement et en même temps un petit degré de transparence, et l’ayant examiné pendant plus de trois heures de suite, je n’y vis aucun autre changement, aucune apparence de mouvement, ni intérieur, ni extérieur. Je crus qu’en mêlant cette liqueur avec de l’eau ces globules pourraient changer ; ils changèrent en effet, mais ils ne me présentèrent qu’une liqueur transparente et comme homogène, où il n’y avait rien de remarquable. Je laissai la liqueur séminale se liquéfier d’elle-