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sit ingenitum, quod oves fascitare videmus, scilicet ut præcedentium vestigiis grex universus incedat. » Cette observation que Leeuwenhoek a faite en 1713, car sa lettre est de 1716, qu’il regarde comme une chose singulière et nouvelle, me prouve qu’il n’avait jamais examiné les liqueurs séminales des animaux avec attention et assez longtemps de suite pour nous donner des résultats bien exacts ; Leeuwenhoek avait soixante-onze ans en 1713, il y avait plus de quarante-cinq ans qu’il observait au microscope, il y en avait plus de trente-six qu’il avait publié la découverte des animaux spermatiques, et cependant il voyait pour la première fois dans la liqueur séminale du bélier ce qu’on voit dans toutes les liqueurs séminales, et ce que j’ai vu plusieurs fois et que j’ai rapporté dans le sixième chapitre, article ix de la semence de l’homme, article xii de celle du chien, et article xxix au sujet de la semence de la chienne. Il n’est pas nécessaire de recourir au naturel des moutons, et de transporter leur instinct aux animaux spermatiques du bélier, pour expliquer le mouvement de ces animalcules qui vont en troupeau, puisque ceux de l’homme, ceux du chien et ceux de la chienne vont de même, et que ce mouvement dépend uniquement de quelques circonstances particulières, dont la principale est que toute la matière fluide de la semence soit d’un côté, tandis que la partie épaisse est de l’autre ; car alors tous les corps en mouvement se dégagent du mucilage du même côté, et suivent la même route dans la partie la plus fluide de la liqueur.

Dans une autre lettre, écrite la même année à Boerhaave (voyez t. VI, p. 304 et suiv.), il rapporte d’autres observations qu’il a faites sur les béliers, et il dit qu’il a vu dans la liqueur prise dans les vaisseaux déférents des troupeaux d’animalcules qui allaient tous d’un côté, et d’autres troupeaux qui revenaient d’un autre côté et en sens contraire ; que dans celle des épididymes il avait vu une prodigieuse quantité de ces animaux vivants ; qu’avant coupé les testicules en deux, il n’avait point trouvé d’animaux dans la liqueur qui en suintait, mais que ceux des épididymes étaient en si grand nombre et tellement amoncelés qu’il avait peine à en distinguer le corps et la queue, et il ajoute : « Neque illud in unica epididymum parte, sed et in aliis quas præcideram partibus, observavi. Ad hæc, in quadam parastatarum resecta portione complura vidi animalcula quæ necdum in justam magnitudinem adoleverant, nam et corpuscula illis exiliora et caudæ triplo breviores erant quàm adultis. Ad hæc, caudas non habebant desinentes in mucronem, quales tamen adultis esse passim comperio. Prætereà in quamdam parastatarum portionem incidi, animalculis, quantùm discernere potui, destitutam, tantùm illi quædam perexiguæ inerant particulæ, partim longiores partim breviores, sed altera sui extremitate crassiunculæ ; istas particulas in animalcula transituras esse non dubitabam. » Il est aisé de voir par ce passage que Leeuwenhoek a vu, en effet, dans cette liqueur séminale ce que j’ai vu dans toutes, c’est-à-dire des corps mouvants de différentes grosseurs,