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sont pas des animaux, mais de simples machines, des espèces de pompes, j’ai cru devoir rapporter ici ce qu’en dit M. Needham, ch. vi[1].

« Lorsque les petites machines sont, dit-il, parvenues à leur entière maturité, plusieurs agissent dans le moment qu’elles sont en plein air, cependant la plupart peuvent être placées commodément pour être vues au microscope avant que leur action commence ; et même pour qu’elle s’exécute il faut humecter avec une goutte d’eau l’extrémité supérieure de l’étui extérieur, qui commence alors à se développer, pendant que les deux petits ligaments qui sortent hors de l’étui se contournent et s’entortillent en différentes façons. En même temps la vis monte lentement, les volutes qui sont à son bout supérieur se rapprochent et agissent contre le sommet de l’étui ; cependant celles qui sont plus bas avancent aussi et semblent être continuellement suivies par d’autres qui sortent du piston ; je dis qu’elles semblent être suivies, parce que je ne crois pas qu’elles le soient effectivement : ce n’est qu’une simple apparence produite par la nature du mouvement de la vis. Le piston et le barillet se meuvent aussi suivant la même direction, et la partie inférieure qui contient la semence s’étend en longueur et se meut en même temps vers le haut de l’étui, ce qu’on remarque par le vide qu’elle laisse au fond. Dès que la vis, avec le tube dans lequel elle est renfermée, commence à paraître hors de l’étui, elle se plie, parce qu’elle est retenue par ses deux ligaments ; et cependant tout l’appareil intérieur continue à se mouvoir lentement, et par degrés, jusqu’à ce que la vis, le piston et le barillet soient entièrement sortis : quand cela est fait, tout le reste saute dehors en un moment ; le piston se sépare du barillet ; le ligament apparent, qui est au-dessous de ce dernier, se gonfle et acquiert un diamètre égal à celui de la partie spongieuse qui le suit : celle-ci, quoique beaucoup plus large que dans l’étui, devient encore cinq fois plus longue qu’auparavant ; le tube qui renferme le tout s’étrécit dans son milieu, et forme ainsi deux espèces de nœuds, distants environ d’un tiers de sa longueur de chacune de ses extrémités ; ensuite la semence s’écoule par le barillet, et elle est composée de petits globules opaques, qui nagent dans une matière séreuse, sans donner aucun signe de vie, et qui sont précisément tels que j’ai dit les avoir vus, lorsqu’ils étaient répandus dans le réservoir de la laite[2]. Dans

  1. Voyez Nouvelles découvertes faites avec le microscope par M. Needham. Leyde, 1747, p. 53.
  2. Je dois remarquer que M. Needham n’avait pas alors suivi ces globules assez loin, car, s’il les eût observés attentivement, il aurait sans doute reconnu qu’ils viennent à prendre de la vie, ou plutôt de l’activité et du mouvement, comme toutes les autres parties organiques des semences animales ; et de même, si dans ce temps, il eût observé la première liqueur laiteuse dans les vues qu’il a eues depuis, d’après ma théorie que je lui ai communiquée, je ne doute pas, et il le croit lui-même, qu’il aurait vu entre ces globules quelque mouvement d’approximation, puisque les machines se sont formées de l’assemblage de ces