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apparence de laite, aucun réservoir qui lui parût destiné à recevoir la liqueur séminale, et ce ne fut que vers le milieu de décembre qu’il commença à apercevoir les premiers vestiges d’un premier vaisseau rempli d’un suc laiteux. Ce réservoir augmenta, s’étendit, et le suc laiteux ou la semence qu’il contenait y était répandu assez abondamment. En examinant cette semence au microscope, M. Needham n’aperçut dans cette liqueur que de petits globules opaques qui nageaient dans une espèce de matière séreuse, sans aucune apparence de vie ; mais ayant examiné quelque temps après la laite d’un autre calmar et la liqueur qu’elle contenait, il y trouva des parties organiques toutes formées dans plusieurs endroits du réservoir, et ces parties organiques n’étaient autre chose que de petits ressorts faits en spirale et renfermés dans une espèce d’étui transparent. Ces ressorts lui parurent dès la première fois aussi parfaits qu’ils le sont dans la suite : seulement il arrive qu’avec le temps le ressort se resserre et forme une espèce de vis, dont les pas sont d’autant plus serrés que le temps de l’action de ces ressorts est plus prochain. La tête de l’étui dont nous venons de parler est une espèce de valvule qui s’ouvre en dehors, et par laquelle on peut faire sortir tout l’appareil qui est contenu dans l’étui ; il contient de plus une autre valvule, un barillet et une substance spongieuse. Ainsi toute la machine consiste en un étui extérieur, transparent et cartilagineux, dont l’extrémité supérieure est terminée par une tête arrondie qui n’est formée que par l’étui lui-même, qui se contourne et fait office de valvule. Dans cet étui extérieur est contenu un tuyau transparent qui renferme le ressort dont nous avons parlé, une soupape, un barillet et une substance spongieuse ; la vis occupe la partie supérieure du tuyau et de l’étui, le piston et le barillet sont placés au milieu, et la substance spongieuse occupe la partie inférieure. Ces machines pompent la liqueur laiteuse, la substance spongieuse qu’elles contiennent s’en remplit, et avant que l’animal fraie, toute la laite n’est plus qu’un composé de ces parties organiques qui ont absolument pompé et desséché la liqueur laiteuse ; aussitôt que ces petites machines sortent du corps de l’animal et qu’elles sont dans l’eau ou dans l’air, elles agissent, le ressort monte, suivi de la soupape, du barillet et du corps spongieux qui contient la liqueur, et dès que le ressort et le tuyau qui le contient commencent à sortir hors de l’étui, ce ressort se plie, et cependant tout l’appareil qui reste en dedans continue à se mouvoir jusqu’à ce que le ressort, la soupape et le barillet soient entièrement sortis ; dès que cela est fait, tout le reste saute dehors en un instant, et la liqueur laiteuse qui avait été pompée et qui était contenue dans le corps spongieux s’écoule par le barillet[NdÉ 1].

Comme cette observation est très singulière et qu’elle prouve incontestablement que les corps mouvants qui se trouvent dans la laite du calmar ne

  1. Buffon décrit ici les spermatophores du calmar.