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un pédicule membraneux et fort ; une autre un peu plus petite était encore attachée de même par un pédicule plus court ; et la troisième, qui était à peu près de la même grosseur que la seconde, paraissait n’être qu’une vésicule lymphatique beaucoup plus éminente que les autres. J’imagine donc que ces espèces de vessies qui tiennent au testicule, ou qui s’en séparent quelquefois, qui aussi deviennent quelquefois d’une grosseur très considérable, et que les anatomistes ont appelé des hydatides, pourraient bien être de la même nature que les vésicules lymphatiques du testicule ; car, ayant examiné au microscope la liqueur que contiennent ces vessies, je la trouvai entièrement semblable à celle des vésicules lymphatiques du testicule ; c’était une liqueur transparente, homogène, et qui ne contenait rien de mouvant. Au reste, je ne prétends pas dire que toutes les hydatides que l’on trouve, ou dans la matrice, ou dans les autres parties de l’abdomen, soient semblables à celles-ci ; je dis seulement qu’il m’a paru que celles que j’ai vues attachées aux testicules semblaient tirer leur origine des vésicules lymphatiques et qu’elles étaient en apparence de la même nature.

XLIV

Dans ce même temps je fis des observations sur de l’eau d’huîtres, sur de l’eau où l’on avait fait bouillir du poivre, et sur de l’eau où l’on avait simplement fait tremper du poivre, et encore sur de l’eau où j’avais mis infuser de la graine d’œillet ; les bouteilles qui contenaient ces infusions étaient exactement bouchées. Au bout de deux jours je vis dans l’eau d’huîtres une grande quantité de corps ovales et globuleux qui semblaient nager comme des poissons dans un étang, et qui avaient toute l’apparence d’être des animaux ; cependant ils n’ont point de membres, et pas même de queues ; ils étaient alors transparents, gros et fort visibles ; je les ai vus changer de figure sous mes yeux, je les ai vus devenir successivement plus petits pendant sept ou huit jours de suite qu’ils ont duré, et que je les ai observés tous les jours ; et, enfin, j’ai vu dans la suite, avec M. Needham, des animaux si semblables dans une infusion de gelée de veau rôti, qui avait aussi été bouchée très exactement, que je suis persuadé que ce ne sont pas de vrais animaux, au moins dans l’acception reçue de ce terme, comme nous l’expliquerons dans la suite.

L’infusion d’œillet m’offrit au bout de quelques jours un spectacle que je ne pouvais me lasser de regarder ; la liqueur était remplie d’une multitude innombrable de globules mouvants, et qui paraissaient animés comme ceux des liqueurs séminales et de l’infusion de la chair des animaux ; ces globules étaient même assez gros les premiers jours et dans un grand mouvement, soit sur eux-mêmes autour de leur centre, soit en droite ligne, soit en ligne courbe, les uns autour des autres ; cela dura plus de trois semaines ;