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mucilagineuse de la semence s’était condensée, et qu’elle formait comme un tissu continu ; au bord extérieur de ce tissu, et dans une étendue assez considérable de sa circonférence, il y avait un torrent ou un courant qui paraissait composé de globules qui coulaient avec rapidité ; ces globules avaient des mouvements propres, ils étaient même très vifs, très actifs, et ils paraissaient être absolument dégagés de leur enveloppe mucilagineuse et de leurs queues ; ceci ressemblait si bien au cours du sang lorsqu’on l’observe dans les petites veines transparentes, que quoique la rapidité de ce courant de globules de la semence fût plus grande, et que de plus ces globules eussent des mouvements propres et particuliers, je fus frappé de cette ressemblance, car ils paraissaient non seulement être animés par leurs propres forces, mais encore être poussés par une force commune, et comme contraints de se suivre en troupeau. Je conclus, de cette observation et de la ixe et xiie, que quand le fluide commence à se coaguler ou à s’épaissir, soit par le dessèchement ou par quelques autres causes, ces globules actifs rompent et déchirent les enveloppes mucilagineuses dans lesquelles ils sont contenus, et qu’ils s’échappent du côté où la liqueur est demeurée plus fluide. Ces corps mouvants n’avaient alors ni filets ni rien de semblable à des queues ; ils étaient pour la plupart ovales et paraissaient un peu aplatis par-dessous, car ils n’avaient aucun mouvement de roulis, du moins qui fût sensible.

XXX

Les cornes de la matrice étaient à l’extérieur mollasses, et elles ne paraissaient pas être remplies d’aucune liqueur ; je les fis ouvrir longitudinalement et je n’y trouvai qu’une très petite quantité de liqueur ; il y en avait cependant assez pour qu’on pût la ramasser avec un cure-dent. J’observai cette liqueur au microscope, c’était la même que celle que j’avais exprimée des corps glanduleux du testicule, car elle était pleine de globules actifs qui se mouvaient de la même façon et qui étaient absolument semblables en tout à ceux que j’avais observés dans la liqueur tirée immédiatement du corps glanduleux ; aussi ces corps glanduleux sont posés de façon qu’ils versent aisément cette liqueur sur les cornes de la matrice, et je suis persuadé que tant que la chaleur des chiennes dure, et peut-être encore quelque temps après, il y a une stillation ou un dégouttement continuel de cette liqueur, qui tombe du corps glanduleux dans les cornes de la matrice, et que cette stillation dure jusqu’à ce que le corps glanduleux ait épuisé les vésicules du testicule auxquelles il correspond ; alors il s’affaisse peu à peu, il s’efface, et il ne laisse qu’une petite cicatrice rougeâtre qu’on voit à l’extérieur du testicule.